A D A L B E R T   S T I F T E R 

1805-1868

 

à la mémoire de Herbert Christian

Le site francophone d'Adalbert Stifter










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Circé, 2012 (traduit par Sibylle Muller)

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Mise à jour : 14 février 2012

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Pourquoi Adalbert Stifter

On risque de se demander pourquoi l'œuvre d'Adalbert Stifter demeure aussi méconnue en France, même si elle fait le bonheur de quelques happy few pour qui rien n'égale sa prose. En fait, il y a une terrible méprise à propos d'Adalbert Stifter, régulièrement caricaturé en écrivain Biedermeier, alors qu'il nous invite à un envoûtant voyage à l'intérieur de nous-mêmes, et c'est sans doute ce qui explique que son œuvre, à contre-courant de tout ce qui se publie de moderne, reste limitée à des cercles presque confidentiels...

Ce site révèlera également un aspect encore plus méconnu d'Adalbert Stifter, à savoir son œuvre picturale.


Felspartie, 1841

"On m'a fait un jour le grief de ne peindre que le petit et de ne montrer jamais que des hommes ordinaires. Si cela est vrai je suis aujourd'hui en mesure d'offrir au lecteur des choses encore plus petites et plus insignifiantes, toutes sortes d'amusettes pour de jeunes cœurs. Dans ces dernières, il ne s'agit même pas, comme il est d'usage, de prêcher la vertu et la morale mais de les laisser agir uniquement par ce qu'elles sont. S'il y a quelque chose en moi de noble ou de bon, cela s'exprimera de soi-même dans mes écrits ; mais si ce quelque chose n'est pas dans mon naturel, c'est en vain que je m'efforcerai de représenter le haut et le beau, ce qui transparaîtra sera toujours le bas et l'ignoble. Je n'ai d'ailleurs jamais songé, dans mes écrits, à peindre le grand ou le petit, les lois qui m'ont guidé sont d'une tout autre sorte. L'art est à mes yeux quelque chose de très élevé et de très noble ; après la religion, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire ailleurs, il est pour moi la chose la plus élevée au monde, aussi n'ai-je jamais tenu mes écrits pour des poèmes et ne me risquerai-je pas davantage, dans l'avenir, à les tenir pour tels. Il y a fort peu de poètes sur terre, ce sont les grands prêtres, ce sont les bienfaiteurs du genre humain ; les faux prophètes, en revanche, sont légions. Cependant, quand même toutes les paroles prononcées ne seraient pas des poèmes, elles peuvent être chose à quoi l'on ne saurait dénier le droit d'exister. Procurer une heure d'agrément à des amis de cœur, à eux tous, connus ou inconnus, leur adresser un salut et contribuer par un grain de bonté à la construction de l'éternel, voilà le dessein que j'ai poursuivi et que je continuerai à poursuivre dans mes écrits."

"Si nous considérons l'humanité dans l'histoire comme un fleuve argenté coulant paisiblement vers un but éternel, nous en ressentons alors la noblesse, le caractère proprement épique. Mais aussi puissant et grandiose que soit l'effet du tragique et de l'épique, aussi efficients que soient ces caractères comme ressorts de l'art, il n'en reste pas moins que la loi morale trouve son centre de gravité le plus sûr dans les actions ordinaires et quotidiennes inlassablement répétées des hommes, car ce sont là les actions durables, les actions fondatrices, en quelque sorte les millions de radicelles de l'arbre de la vie. De même que, dans la nature, les lois universelles agissent silencieusement et sans discontinuer, de même la loi morale agit silencieusement dans les âmes, imprimant sa marque à l'incessant commerce des hommes, et tels hauts faits qui suscitent momentanément l'émerveillement ne sont que de tous petits signes de cette force universelle. Ainsi cette loi morale assure-t-elle la cohésion de l'humanité, tout comme la loi naturelle assure celle du monde."



Liens à propos d'Adalbert Stifter :
http://www.adalbertstifter.at/
http://www.stifterhaus.at
http://www.adalbert-stifter-gemeinschaft.de