LA MORT EN PERSE

"Ce livre donnera peu de joie à ses lecteurs..."

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A propos de Klaus Mann

 

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Annemarie Schwarzenbach

Du désespoir de l'Amour quand il s'incarne dans un visage aimé que la mort viendra ravir : Yalé : "Nous n'avons plus un long chemin à parcourir, dit-elle, et après on ne pourra plus rien contre nous".

"Vous appelez peut-être cette vallée à votre façon the Happy Valley, mais tu sais, toi, que c'est la "vallée du bout du monde". Il faut que tu fasses demi-tour.

Laisse-moi mourir!"

"Qu'allez-vous faire en Perse?" me demanda Malraux. Il connaissait les ruines de Raghès. Il savait aussi ce qu'est la passion de l'archéologue. Il a beaucoup réfléchi aux passions humaines et savait les débusquer ; il avait tendance à ne pas en faire grand cas, sauf de ce qui finissait par en rester : la souffrance. Il me demanda : "Seulement à cause du nom?  Seulement pour être très loin?" Et je songeai à l'épouvantable tristesse de la Perse..." La mort en Perse.

Le regard de l'Ange 

"Dehors, pensais-je, il est accueilli par son  pays, sa nuit, son vent. Je ne pouvais faire autrement que d'entendre le vent tirer sur les cordes et la toile de la tente. Je vis l'Ange s'en aller, la douce lumière du Demavend posée comme un manteau sur ses épaules. Il passa dans les hautes herbes de la rive et entre les cent cinquante chevaux qui dormaient debout. Puis il traversa le fleuve sans se mouiller, passa devant le feu rougeoyant du tchaikhan, sous les rochers de basalte gris à l'abri desquels les bouquetins passaient la nuit. Il m'avait échappé, et je me demandais pourquoi je n'avais pas réussi à la retenir alors qu'il avait lutté avec moi sur le tumulus...

Mais je n'avais même pas pu étendre la main. Et il n'y avait plus personne."

"Tu es à bout, dans le noir complet, répéta l'Ange à sa façon lointaine et courtoise. Avoue que malgré ton jeune âge tu as essayé tous les chemins. C'étaient des échappatoires, des détours et des égarements. Tu n'as rien fait de mal, ne crois pas que tu sois plus coupable que les autres. Tu as aimé ta mère, tu étais désespérée quand tu as réalisé qu'en ce monde Dieu ne fréquente pas les marchands et que toute décision  est un sacrifice. Tu ne te connaissais pas toi-même et tu voulais faire de mal à personne - c'est tout à ton honneur. C'est alors que commencèrent tes erreurs. Tu t'es laissée entraîner jusqu'en Perse, tu as même voulu mourir. Oh! ne crois pas que tu puisses me cacher quoi que ce soit, car ceci a beau être mon pays, je suis quand même un ange..."