SRI RAMANA MAHARSHI

1879-1950

Retour à Ella Maillart - Aperçus sur l'ésotérisme - Le Soi est le Cœur  : à propos de Ramana Maharshi - voir aussi Henri Le Saux

 

 

 

 

 

 

 

 

L'idéal le plus profond en moi - celui auquel inconsciemment tout se réfère en moi - est celui de Ramana - exemple si parfait de Vedânta - et cet idéal de Ramana n'aurait pas pu s'enraciner à cette profondeur dans ma psyché s'il n'avait été une rencontre avec un appel exprimé, un surfacing, un "éveil".

*

Quand Ramana Maharshi dit que l'obstacle ultime à la réalisation est la pensée même qu'on doive tendre à la réalisation, il invite en fait à l'ultime purification spirituelle, celle qui libère l'homme en déliant le dernier "lien du coeur"

Henri Le Saux, Écrits

Ce qu'en dit Ella Maillart

Ella Maillart séjourna fréquemment de 1939 à 1945 auprès de Ramana Maharshi dont elle reçut l'enseignement.

"Je suis venue à Tituvannamalai afin de vivre auprès d'un Maître incarnant la sagesse hindoue, et tandis que qu'un cours pour débutant m'eût mieux convenu, je me trouve trébuchant, de but en blanc, dans l'aride silence du Vedanta qui, à la fin des Vedas, propose l'essence de la connaissance hindoue"

"Jeune, le Maharishi avait écrit en vers tamouls : "Lumière de la Conscience qui tout embrasse, c'est en toi que se forme l'image de l'univers, qu'elle y demeure et s'y dissout, mystère qui détient le miracle de la vérité. Tu es le Soi intérieur, le "Je" vibrant dans le coeur. Coeur est ton nom, ô Seigneur!"

Les raisons qui avaient donné vie à cette phrase m'envahissent, abolissant en moi la solitude, et cette plénitude me fait oublier le lieu et le temps. Profonde, unique, précieuse, elle est incommunicable. En ouvrant les yeux, je vois le soleil couchant souligner d'or un nuage majestueux. N'est-ce pas le symbole même de ma méditation : la lumière de la conscience, joie immuable, n'est-ce pas l'origine de toute forme? N'est-ce pas la voie véritable?"

Ella Maillart, Ti-Puss

"La leçon facile vient du sage, un homme qui vit dans la paix et la maîtrise absolue de soi, qualités qui émanent de lui (il n'est pas particulièrement beau mais tellement bon et candide), ce qui fait l'effet d'un baume. La leçon plus subtile, que je n'ai pas encore apprise, est la suivante : cet homme unique, dont la vie a été intense depuis l'enfance, a réussi à l'aide d'un sixième sens à explorer la voie difficile qui mène à la racine de la conscience; il existe là une énergie qui est éternelle, qui n'a rien à voir avec le corps et qui est régie par les lois - cachées pour nous - qui gouvernent l'univers. Dans notre ignorance, nous appelons certaines choses "mauvaises" parce que nous ne pouvons pas comprendre que le bon peut surgir du mal, et que tout est le résultat de causes préalables. Ce n'est que par la soumission, le détachement, par l'effort de connaître le vrai soi - cette part de la conscience profonde et éternelle qui est en chacun de nous - que nous trouverons le bonheur permanent que nous poursuivons, aidant par là-même l'humanité à s'élever au-dessus de notre état semi-animal.

Des familles entières viennent se prosterner devant lui, s'allongeant trois fois, d'abord avec leurs bras étendus vers l'avant, ensuite ramenés le long du corps, tandis qu'une joue puis l'autre touchent le sol qu'ils embrasent enfin. Les jeunes enfants qui essaient de faire cela sont charmants et reçoivent le même sourire lumineux que les singes qui viennent mendier, ou la vache qui, chaque fois qu'on omet de l'attacher, vient voir le sage. On lui pose peu de questions parce que peu de questions se posent : dès que l'on se trouve près de lui, on se rend compte que la plupart des questions ne sont que des mots et ne font pas partie des choses vraiment vitales. Sa présence agit dans un sens positifs qui nous fait sentir : La réponse est en moi et pour qu'elle soit de quelque profit, je dois la trouver moi-même"

Ella Maillart, lettre à sa mère, 5 novembre 1940

Ce qu'en dit Henri Le Saux

Henri Le Saux rencontra Ramana Maharshi en 1949

"Mais si le corps était là gisant sous les couvertures, l'esprit, lui, était toujours à l'ashram de Sri Ramana. C'étaient les chants des Vedas tels que je les avais entendus là-bas qui résonnaient sans cesse à mes oreilles. C'était ce vieillard allongé sur son divan, c'était cette foule qui se pressait religieusement autour de lui, dont l'image constamment dansait devant mes yeux. Dans mes rêves de fiévreux, ni vraiment éveillé, ni vraiment endormi, c'était le Maharishi qui, désespérément, me revenait, le Maharishi avec tous les sages et tous les gurus avec l'Inde qui déborde tout temps, et dont il était pour moi le symbole vivant et fascinant. C'était aussi dans les rêves des tentatives sans cesse frustrées de faire pénétrer sans rien briser de mes constructions mentales antérieures ces impressions si fortes, qui avaient jailli en moi au contact du Maharishi, toutes nouvelles sans doute, mais déjà trop fixées en moi pour pouvoir jamais se laisser rejeter au-dehors.

Quand je me réveillais de ces jours de fièvre, je compris jusqu'à quelle profondeur en moi avait percé cette première rencontre avec Sri Ramana et le mystère d'Arunâchala"

Henri Le Saux, Souvenirs d'Arunâchala