Première version
Reposant en terre de cristal, étranger saint,
De sa bouche sombre un dieu ôta la plainte,
Quand en pleine force il s'effondra
Paisiblement mourut le jeu de cordes
Dans sa poitrine.
Et le printemps devant lui répandait ses palmes,
Quand à pas hésitants
Muet il quitta la maison pleine de nuit.
Deuxième version En terre obscure repose l'étranger
saint,
Il ôta de sa bouche tendre la
plainte, le dieu,
Quand en pleine force il s'effondra.
Fleur bleue
Son chant survit dans la maison
nocturne des douleurs.
Troisième version
En terre obscure repose l'étranger saint,
En frêle bourgeon
Grandit dans l'adolescent l'esprit divin,
Le jeu de cordes, ivre,
Et devint muet dans sa floraison rose.
Georg Trakl,
Oeuvres complètes, Gallimard, 1974
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