UN
La
profession de foi musulmane consiste essentiellement
dans l’Attestation de l’Unicité divine, suivant une
formulation qui pourrait d’ailleurs être reprise sans
inconvénient par l’ensemble des croyants juifs ou
chrétiens : lâ ilâha illâ’ Llâh
(Il n’y a de dieu que Dieu). A cette Attestation
s’ajoute la formulation Muhammad rasûl Allâh
(Mohammed est son Prophète) qui inscrit en quelque sorte
l’islam dans le temps et dans l’espace.Cette
profession de foi est " complétée " parfois par une
troisième formulation selon laquelle " ‘Alî est l’ami (al-wali)
de Dieu ". Mais il s’agit là de ces musulmans que l’on
appelle shî’ites et qui sont " les légitimistes de
l’Islam ", selon le mot de Louis Massignon. Ils tiennent
‘Alî, le gendre du Prophète, pour son héritier
spirituel. Ils représentent environ 10% de l’ensemble
des musulmans.
La communauté (‘Umma)
L’Islam est une communauté qui
n’établit pas de distinction entre les nationalités. On
parle ainsi de l’Islam noir, de l’Islam arabe, des
musulmans chinois, etc. Louis Massignon raconte qu’à
Aden, voulant s’enquérir de la nationalité d’un marin,
il lui avait demandé s’il était Yéménite, Somalien ou
Ethiopien. A quoi le marin avait répondu : " Ana
muslim ", c’est-à-dire " Je suis musulman ". De nos
jours, cette unité du monde arabo-musulman dans la
‘Umma est patente même sur le réseau Internet.
Chaque croyant appartient de plein
droit à la Communauté ou ‘Umma. Elle est une communauté unique. Elle
est aussi " la meilleure communauté suscitée pour les hommes ", selon le
saint Coran (III, 110). L’appartenance à la ‘Umma ne se limite pas à
des pratiques communes ou communautaires inspirées par ces deux sources
fondamentales que sont le saint Coran et la Sunna ou Tradition, recueil des
propos du prophète de l’Islam. Elle est constitutive de l’identité même du
musulman. Ainsi le musulman est-il musulman avant d’être Marocain, a
fortiori avant d’être citoyen français. Dans les banlieues, on
dit des jeunes délinquants musulmans
qu’ils font honte à la Communauté. Au tout début de ce siècle, Isabelle
Eberhardt écrivait à propos de jeunes musulmans devenus athées au
contact de l’Occident : " Tous, presque, gardent une pudeur dernière :
presque aucun ne renie ouvertement, à la face du monde, l’Islam, et certes
il s’en trouverait bien peu qui, un jour où un danger matériel visible à
première vue menacerait l’Islam, et où il se trouverait un homme d’un génie
assez prodigieux pour les unir et les faire marcher, se croiseraient les
bras et abandonneraient froidement cet étendard vert du Prophète, relique
chère et sacrée, pour laquelle, comme les Chrétiens pour leur croix, les
vrais Croyants arrosèrent de leur sang martyr tant et tant de
continents... ".
La ‘Umma, symbole de l’unité
des musulmans est enfin symbolique du rassemblement
futur de tous les hommes au Jour du Jugement. C’est ce
rassemblement que préfigure le pèlerinage annuel des
musulmans à la Mecque.
Il est important de
noter pour conclure sur la ‘Umma que le saint
Coran s’exprime sur l’existence du Judaïsme et de la
Chrétienté à côté de l’Islam, c’est-à-dire de trois
communautés le plus souvent rivales et pourtant
adoratrices du même Seigneur des Mondes :
" Si Allâh l’avait voulu, il aurait
fait de vous une seule communauté (= la communauté de tous les hommes). Mais
il a voulu vous éprouver par le don qu’Il vous a fait. /
Cherchez donc à vous surpasser les uns les autres dans
les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Allâh ; Il vous
éclairera , alors, au sujet de vos différents
" (V, 48).
Ce verset devrait être le " code
d’honneur " de tous les Gens du Livre, juifs, chrétiens et musulmans, dans
leurs relations inter-religieuses, dans leur commun combat pour la foi et la paix...
TROIS
Même si le chiffre trois,
symbole de la Trinité, est dédié plus particulièrement au christianisme, il nest
pas absent en islam. Les minarets des mosquées sont
souvent surmontées de trois boules et dun croissant. Ces trois boules symbolisent
les trois mondes, céleste, al-alm al-jabbarût,
" intermédiaire ", al-alm al-malakût, et terrestre, al-alm
al-mulk. Le croissant figure un quatrième monde, soit le monde inaccessible de la
Majesté divine.
CINQ
Islam signifie
" sabandonner à la volonté de Dieu ".
LIslam compte cinq obligations légales - que
lon appelle " piliers " en Occident - qui sont la profession de
foi, la prière, laumône, le jeûne durant le mois de Ramadan et le pèlerinage à
la Mecque une fois au moins dans la vie dun musulman. Du reste, le chiffre
" 5 " se retrouve un peu partout au quotidien que ce soit dans les
cinq prières légales, la dîme - " Pas moins de cinq chameaux pour la
dîme " - ou dans les cinq doigts de la " main
de Fatima ".
Les Gens du Manteau (ahl al-Kisa) sont
également au nombre de cinq : Mohammed, Fâtima, Alî, Hasan et Huseyn.
Dans la 10ème année de lHégire,
une délégation de chrétiens du Najran se présenta à Médine pour signer un traité
avec le prophète Mohammed. Une discussion théologique séleva à propos de Jésus,
prophète, pour les musulmans, homme-dieu pour les chrétiens. Mohammed proposa alors une
ordalie afin de laisser Dieu trancher entre eux. Lorsque la délégation se présenta le
lendemain, elle trouva les Cinq sous le manteau du Prophète prêts à lordalie,
mais les chrétiens refusèrent dy participer. Cet épisode marque le premier compromis enregistré
par la jeune communauté musulmane, la première " capitulation "
dun groupe chrétien.
SEPT
Sept est le nombre des versets
de la sourate liminaire du saint Coran, al-Fâtiha, que tous les musulmans
connaissent par cur :
Au nom de Dieu, bienfaiteur et clément,
/ Louange à Dieu qui est Seigneur des Mondes, / A Dieu, le Bienfaiteur, le Clément,
/ Le Souverain du Jour du Jugement ! / Nous Tadorons, et ton aide est notre demande.
/ Conduis-nous dans le Droit Chemin /
De ceux à qui Tu as donné Tes biens, et non de
ceux qui sont lobjet de Ta colère, ni des autres - de ceux qui errent.
Les Ahl al-Kahf
sont
les Gens de la Caverne, auxquels une sourate est consacrée (la 18ème ), et ce
sont ces jeunes saints chrétiens vénérés pendant tout le moyen âge de lOrient
à lOccident sous le nom de sept Dormants dÉphèse. Notons que le saint
Coran ne se prononce pas sur leur nombre.
De quelle histoire sagit-il ? Plutôt que de sacrifier aux idoles, sept jeunes
martyrs dÉphèse se laissèrent " enterrés vivants " dans une
caverne, en lan 250, sous le règne de lempereur Dèce. Ils se réveillèrent
miraculeusement de leur sommeil, 309 ans plus tard, selon le saint Coran, mais plus
vraisemblablement vers lannée 448, et ce miracle, dûment constaté par la foule
dÉphèse, alors cité chrétienne, mit un terme aux discussions sur la
Résurrection.
Sils sont les symboles, en Islam, de la
confiance en Dieu, cest aussi en tant que témoins de la Résurrection quils
sont vénérés.
Leurs sanctuaires, visités aussi bien par les
pèlerins chrétiens que par les pèlerins musulmans, sont répandus de la Bretagne à
lAfghanistan, de la Finlande au Yémen. Il y a dans cette histoire des Sept Dormants
une occasion de rencontre spirituelle entre le christianisme et lIslam qui
nest pas suffisamment exploitée.
Un chien qui les accompagnait - que la tradition
musulmane nomme Qitmir - est lun des quatre animaux à avoir accès au
Paradis.
UN ET HUIT
Le dôme ou la coupole
symbolise le ciel, la voûte céleste. Cela est vrai aussi bien pour la mosquée que pour
léglise byzantine. Le monument le plus significatif à cet égard reste le
" Dôme du Rocher ", à Jérusalem. Coupole ou dôme sont soutenus par
quatre (ou huit) piliers qui figurent le cosmos.
Loctogone, forme géométrique que lon
rencontre à peu près partout dans le monde arabo-musulman (mosquées, fontaines,
jardins, etc.), symbolise le passage du carré (le 4) au cercle (le 1), cest-à-dire
de la terre au Ciel. Il est à comparer avec le baptistère chrétien, lieu de passage
hautement symbolique, dont on retrouve la forme octogonale dans toute la Chrétienté
antique, par exemple à Éphèse. |