Symbolique des Nombres

Le trois et le douze sont des nombres privilégiés dans le christianisme ; en islam, ce sont le un, le cinq et le sept qui présentent la symbolique la plus riche.

SOMMAIRE

Muhammad

Abraham

Fâtima et la femme musulmane

Maryam

Ahl al-Kahf

Hazrat Fâtima 

 

 

 

[ Symbolique de l'Islam ]

 

VII Dormants

UN

La profession de foi musulmane consiste essentiellement dans l’Attestation de l’Unicité divine, suivant une formulation qui pourrait d’ailleurs être reprise sans inconvénient par l’ensemble des croyants juifs ou chrétiens : lâ ilâha illâ’ Llâh (Il n’y a de dieu que Dieu). A cette Attestation s’ajoute la formulation Muhammad rasûl Allâh (Mohammed est son Prophète) qui inscrit en quelque sorte l’islam dans le temps et dans l’espace.Cette profession de foi est " complétée " parfois par une troisième formulation selon laquelle " ‘Alî est l’ami (al-wali) de Dieu ". Mais il s’agit là de ces musulmans que l’on appelle shî’ites et qui sont " les légitimistes de l’Islam ", selon le mot de Louis Massignon. Ils tiennent ‘Alî, le gendre du Prophète, pour son héritier spirituel. Ils représentent environ 10% de l’ensemble des musulmans.

La communauté (‘Umma)

L’Islam est une communauté qui n’établit pas de distinction entre les nationalités. On parle ainsi de l’Islam noir, de l’Islam arabe, des musulmans chinois, etc. Louis Massignon raconte qu’à Aden, voulant s’enquérir de la nationalité d’un marin, il lui avait demandé s’il était Yéménite, Somalien ou Ethiopien. A quoi le marin avait répondu : " Ana muslim ", c’est-à-dire " Je suis musulman ". De nos jours, cette unité du monde arabo-musulman dans la ‘Umma est patente même sur le réseau Internet.

Chaque croyant appartient de plein droit à la Communauté ou ‘Umma. Elle est une communauté unique. Elle est aussi " la meilleure communauté suscitée pour les hommes ", selon le saint Coran (III, 110). L’appartenance à la ‘Umma ne se limite pas à des pratiques communes ou communautaires inspirées par ces deux sources fondamentales que sont le saint Coran et la Sunna ou Tradition, recueil des propos du prophète de l’Islam. Elle est constitutive de l’identité même du musulman. Ainsi le musulman est-il musulman avant d’être Marocain, a fortiori avant d’être citoyen français. Dans les banlieues, on dit des jeunes délinquants musulmans qu’ils font honte à la Communauté. Au tout début de ce siècle, Isabelle Eberhardt écrivait à propos de jeunes musulmans devenus athées au contact de l’Occident : " Tous, presque, gardent une pudeur dernière : presque aucun ne renie ouvertement, à la face du monde, l’Islam, et certes il s’en trouverait bien peu qui, un jour où un danger matériel visible à première vue menacerait l’Islam, et où il se trouverait un homme d’un génie assez prodigieux pour les unir et les faire marcher, se croiseraient les bras et abandonneraient froidement cet étendard vert du Prophète, relique chère et sacrée, pour laquelle, comme les Chrétiens pour leur croix, les vrais Croyants arrosèrent de leur sang martyr tant et tant de continents... ".

La ‘Umma, symbole de l’unité des musulmans est enfin symbolique du rassemblement futur de tous les hommes au Jour du Jugement. C’est ce rassemblement que préfigure le pèlerinage annuel des musulmans à la Mecque.

Il est important de noter pour conclure sur la ‘Umma que le saint Coran s’exprime sur l’existence du Judaïsme et de la Chrétienté à côté de l’Islam, c’est-à-dire de trois communautés le plus souvent rivales et pourtant adoratrices du même Seigneur des Mondes :

Si Allâh l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté (= la communauté de tous les hommes). Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’Il vous a fait. / Cherchez donc à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Allâh ; Il vous éclairera , alors, au sujet de vos différents "  (V, 48).

Ce verset devrait être le " code d’honneur " de tous les Gens du Livre, juifs, chrétiens et musulmans, dans leurs relations inter-religieuses, dans leur commun combat pour la foi et la paix...

TROIS

Même si le chiffre trois, symbole de la Trinité, est dédié plus particulièrement au christianisme, il n’est pas absent en islam. Les minarets des mosquées sont souvent surmontées de trois boules et d’un croissant. Ces trois boules symbolisent les trois mondes, céleste, al-alm al-jabbarût, " intermédiaire ", al-alm al-malakût, et terrestre, al-alm al-mulk. Le croissant figure un quatrième monde, soit le monde inaccessible de la Majesté divine.

CINQ

Islam signifie " s’abandonner à la volonté de Dieu ".

L’Islam compte cinq obligations légales - que l’on appelle " piliers " en Occident - qui sont la profession de foi, la prière, l’aumône, le jeûne durant le mois de Ramadan et le pèlerinage à la Mecque une fois au moins dans la vie d’un musulman. Du reste, le chiffre " 5 " se retrouve un peu partout au quotidien que ce soit dans les cinq prières légales, la dîme - " Pas moins de cinq chameaux pour la dîme " - ou dans les cinq doigts de la " main de Fatima ".

Les Gens du Manteau (ahl al-Kisa’) sont également au nombre de cinq : Mohammed, Fâtima, ‘Alî, Hasan et Huseyn.

Dans la 10ème année de l’Hégire, une délégation de chrétiens du Najran se présenta à Médine pour signer un traité avec le prophète Mohammed. Une discussion théologique s’éleva à propos de Jésus, prophète, pour les musulmans, homme-dieu pour les chrétiens. Mohammed proposa alors une ordalie afin de laisser Dieu trancher entre eux. Lorsque la délégation se présenta le lendemain, elle trouva les Cinq sous le manteau du Prophète prêts à l’ordalie, mais les chrétiens refusèrent d’y participer. Cet épisode marque le premier compromis enregistré par la jeune communauté musulmane, la première " capitulation " d’un groupe chrétien.

SEPT

Sept est le nombre des versets de la sourate liminaire du saint Coran, al-Fâtiha, que tous les musulmans connaissent par cœur :

Au nom de Dieu, bienfaiteur et clément, / Louange à Dieu qui est Seigneur des Mondes, / A Dieu, le Bienfaiteur, le Clément, / Le Souverain du Jour du Jugement ! / Nous T’adorons, et ton aide est notre demande. / Conduis-nous dans le Droit Chemin / De ceux à qui Tu as donné Tes biens, et non de ceux qui sont l’objet de Ta colère, ni des autres - de ceux qui errent.

Les Ahl al-Kahf sont les Gens de la Caverne, auxquels une sourate est consacrée (la 18ème ), et ce sont ces jeunes saints chrétiens vénérés pendant tout le moyen âge de l’Orient à l’Occident sous le nom de sept Dormants d’Éphèse. Notons que le saint Coran ne se prononce pas sur leur nombre.

De quelle histoire s’agit-il ? Plutôt que de sacrifier aux idoles, sept jeunes martyrs d’Éphèse se laissèrent " enterrés vivants " dans une caverne, en l’an 250, sous le règne de l’empereur Dèce. Ils se réveillèrent miraculeusement de leur sommeil, 309 ans plus tard, selon le saint Coran, mais plus vraisemblablement vers l’année 448, et ce miracle, dûment constaté par la foule d’Éphèse, alors cité chrétienne, mit un terme aux discussions sur la Résurrection.

S’ils sont les symboles, en Islam, de la confiance en Dieu, c’est aussi en tant que témoins de la Résurrection qu’ils sont vénérés.

Leurs sanctuaires, visités aussi bien par les pèlerins chrétiens que par les pèlerins musulmans, sont répandus de la Bretagne à l’Afghanistan, de la Finlande au Yémen. Il y a dans cette histoire des Sept Dormants une occasion de rencontre spirituelle entre le christianisme et l’Islam qui n’est pas suffisamment exploitée.

Un chien qui les accompagnait - que la tradition musulmane nomme Qitmir - est l’un des quatre animaux à avoir accès au Paradis.

UN ET HUIT

Le dôme ou la coupole symbolise le ciel, la voûte céleste. Cela est vrai aussi bien pour la mosquée que pour l’église byzantine. Le monument le plus significatif à cet égard reste le " Dôme du Rocher ", à Jérusalem. Coupole ou dôme sont soutenus par quatre (ou huit) piliers qui figurent le cosmos.

L’octogone, forme géométrique que l’on rencontre à peu près partout dans le monde arabo-musulman (mosquées, fontaines, jardins, etc.), symbolise le passage du carré (le 4) au cercle (le 1), c’est-à-dire de la terre au Ciel. Il est à comparer avec le baptistère chrétien, lieu de passage hautement symbolique, dont on retrouve la forme octogonale dans toute la Chrétienté antique, par exemple à Éphèse.