La révélation coranique s’est
opérée sous la forme d’un Livre. Elle est un Livre et un Livre révélé
" en langue arabe claire " selon le mot du saint Coran, à un
prophète, Mohammed. Le Christ, lui, n’est pas venu avec un Livre qui serait les
Évangiles, il est le Livre, ou plutôt le Verbe, la Parole éternelle.
On connaît à cet égard le mot de Louis Massignon
: " Si la Chrétienté est, fondamentalement, l’acceptation et
l’imitation du Christ, avant l’acceptation de la Bible, en revanche l’Islam
est l’acceptation du Coran avant l’imitation du prophète ".
Il convient, cependant, de nuancer ce propos en
insistant sur ce que représente pour l’ensemble des musulmans la vie de Mohammed et
en remarquant que " tout est à Dieu [et que] chaque aspect de la vie
humaine et sociale doit être sanctifié grâce à la législation et à la tradition
procédant directement de la Révélation faite à Muhammad et de son exemple personnel ".
De ce point de vue, il y a une réelle imitation du
prophète de l’Islam qui implique " la force envers soi-même ; la
générosité envers les autres ; la sérénité en Dieu et par Dieu, mais aussi
" la sérénité par la piété, au sens le plus profond du terme "
et, en outre, " la sobriété à l’égard du monde, la noblesse en
nous-mêmes, dans notre être ; la véracité par Dieu et en Lui ". Il est évident
qu’on ne peut parler d’intégration ni même de respect envers les musulmans si
l’on ne rend pas justice au prophète de l’Islam.
Ce nonobstant, d’un point de vue théologique,
il est tout aussi insurmontable à un musulman de croire à la crucifixion de Jésus,
prophète fort révéré en Islam, qu’à un chrétien d’accepter la mission de
Mohammed, Sceau des Prophètes, après la Pentecôte.
De même la Trinité opposera-t-elle de manière
irréductible chrétiens et musulmans, ces derniers ne pouvant concevoir de filiation que
charnelle, ce qui vaut parfois aux chrétiens d’être accusés d’associer des
dieux à Dieu. La même accusation est aussi portée contre les juifs, lesquels, mais pour
d’autres motifs, adressent d’ailleurs la même critique fondamentale aux
chrétiens à propos de la Trinité.
Ajoutons, enfin, que les musulmans sont convaincus
que la mission prophétique de Mohammed est inscrite dans les Évangiles :
" Il est bon que je m’en aille ; car si je ne m’en vais pas,
le Défenseur ne viendra pas vers vous ; au contraire si je m’en vais, je vous
l’enverrai " (Jn 16, 7). Le Paraclet - faraqlît - désigne, en
effet, pour les musulmans, le prophète Muhammad en personne.
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