Cinquième Hymne à la Nuit

Le château souterrain

GLM, 1950

Retour à Novalis - L'œuvre de Novalis

 

 

 

 

 

 

 

Guy Lévis Mano

 

Voir Guy Lévis Mano, par Andrée Chedid et Pierre Torreilles, Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1990

 

 

 

 

 

 

CINQUIÈME HYMNE A LA NUIT

 

Jadis, un destin de fer

Régnait

De sa puissance muette

Sur les tribus éparpillées

Des hommes.

Un bandeau

Sombre et lourd

Entourait

Leurs âmes craintives.

La terre était illimitée;

C’était le séjour des dieux

Et leur demeure,

Toute parée de trésors

Et de merveilles magnifiques.

Leur mystérieuse construction

Se dressait là depuis des éternités.

Le soleil,

Vivante lumière,

Embrasant toutes choses,

Habitait sur les montagnes bleues

Du matin

Et dans le sein sacré

De la mer.

 

Traduction Henri Stierlin

            Novalis, de son véritable nom Friedrich Ludwig Freiherr von Hardenberg doit son importance littéraire à l'exploitation systématique des quatre moments capitaux du romantisme : le subconscient, le rêve, l'infini et la mort. Il révèle ainsi le rôle des puissances intuitives.

             Bien que ce grand pionnier de l'état poétique immanent à l'homme disparaisse déjà à 29 ans, il laisse une œuvre dont l'influence trace la voie de la poésie des XIXe et XXe siècles, qui, dès lors, se tourne résolument vers le subjectivisme et l'individualisme artistique.

             Le cinquième des « Hymnes à la Nuit » est le chant d'un voyant dont la foi mystique transfigure l'histoire humaine : après l'âge d'or de l'antiquité grecque, puis sa négation, l'époque rationaliste le christianisme transforme la mort en cette vie éternelle que le poète appelle avec ferveur.

           Le « Château Souterrain », tiré du roman « Henri d'Ofterdingen », représente l'or caché au sein de la terre. Dans ce poème purement symbolique, des mystères ésotériques et des rites de la cabale se mêlent aux légendes moyenâgeuses.

 Henri Stierlin