Qu’est-ce que l’Occultisme
Topique ce thème à la BML [Bibliothèque de Lyon] ;
topique qu'il incombe à l'inventeur des archives ici
même conservées de Papus et de Bricaud, leur
historien, mais aussi l'un des héritiers directs de
cette avant-dernière synthèse de l'occultisme
occidental. Topique à contre-sens, le bon, que
l'intervenant oriental doive, ès qualités et
convictions, redéfinir « le défi magique » d'hier
qui s'est aggravé aujourd'hui.
Ce Paris-là, autour de Papus, avec Sédir et Guaita,
Barlet, la Société théosophique, des abbés initiés
et le patriarche Synésius, dans la mouvance d'Eliphas
Lévi, de Saint-Yves d'Alveydre, de Doinel et de M.
Philippe ; ce Lyon-là, dans le souvenir latent de
Jean-Baptiste Willermoz, disciple de Martines, et de
Cagliostro, voire des ennemis de saint Irénée, fier
d'Allan Kardec et embarrassé par Boullan, lieu de M.
Philippe, où Jean Bricaud fonde le flambeau parisien
dans l'inextinguible lumignon lyonnais; à ce Paris
et à ce Lyon manque la Méditerranée. La Méditerranée
extérieure, condition de la parfaite mare nostrum
intérieure et point latine.
Au cœur des anecdotes et des événements, au-delà
d'une psycho-sociologie des villes occultes qui
confirmerait par la variété accidentelle des rameaux
la force et la communauté de la racine, place à
l'esprit: sur le présent exemple privilégié, ni plus
ni moins, mais autant chroniquement que topiquement,
quel est le désir, et ce besoin qui le trahit (dans
la double acception) ?
Le désir est fondamental, unique, pourvu qu'on
remonte et qu'on creuse: de la déification de
l'homme et de la transfiguration de la nature, en
symbiose et en sympathie générales.
Sociétés d'initiation, sciences secrètes et petite
Église nommée gnostique, tout y est, mais en
morceaux ou raté, voire dérisoire: besoin
angoissant, parfois affolant, de l'esprit et de la
vérité. La synthèse de l'occultisme ne s'accomplit
qu'en parfaite théosophie. La rime du besoin appelle
l'Église, la raison, éclairant le désir, décide
laquelle, et qui défaut en l'espèce.
Outre le satanisme qui n'est qu'un occultisme
inverti et le spiritisme, au statut ambigu,
l'occultisme lance un défi qu'il serait maladroit ou
astucieux de qualifier magique. C'est l'Église
romaine qui est mise par l'occultisme, et en mode
théologique, au défi de se convertir et de réactiver
l'alliance de la sagesse reçue - divine énergie -
avec la sagesse acquise par l' effort synergétique
de l'homme. Retrouvez l'Église et sauvez du
scientisme une science accouplée à une Église en
rupture de ban dans le féodalisme. L'occultisme, dès
lors, va se retrouver chez lui et y tenir son rôle
auxiliaire (ascèse, politique, démonologie,
eschatologie, et alia de cosmosophie et
d`anthroposophie).
Défi, en revanche, dit à bon droit magique, celui du
Nouvel Age. Défi aux confessions occidentales
religieuses et laïques, mais aussi à l'occultisme
qu'il abâtardit, tout en accentuant, jusqu’à la
caricature et dans l'amalgame, la déviance du
mysticisme et de la technique d'Occident. Le
satanisme et le spiritisme, loin de s'identifier
avec l'occultisme, mais souvent infiltrés dans le
Nouvel Age, défient eux-mêmes cet occultisme dont
seule la nostalgie entache la pureté, et ils prêtent
un appui empoisonné à son propre défi au monde
cassé.
L'occultisme n'est pas une nouvelle religion. Il
n'est pas une religion, mais sa philosophie de
nature requiert une religion. Encore s'agit-il d'une
religion capable des moyens que l'occultisme
conforme au désir dont cette religion détiendra la
clef. Une religion qui ne parait nouvelle, ici et
maintenant, qu'en raison du schisme et de l'oubli.
Mais elle est seule fidèle à la
Révélation-Tradition, où les traditions convergent,
tendent au moins, vouées à étayer, comme elles
peuvent l'être ou l'avoir été à pallier.
Vaines sont les querelles sur l'ésotérisme chrétien
aux siècles modernes. Vaine la distinction, ou
l'opposition ésotérisme et occultisme : elle procède
d'une théologie erronée que la théosophie appelée
par l'occultisme périme. Il y eut, à la Belle
Epoque, notamment à Paris et à Lyon, un occultisme
chrétien d'intention. Tout son propos, fût-il
énigmatique, consiste à nous désigner, avant de la
servir, la vraie religion, le christianisme
ésotérique, l'Église visible qui conserve, cultive
et dispense la gnose au nom vérace. |