La Torah
Le Zohar convie ses lecteurs, les kabbalistes, à devenir des
« amants de la Torah ». C’est, en effet, que d’une part
« toute la Lumière que Dieu a donnée à Israël, se cache dans la
Torah » et que d’autre part la Kabbale est « l’essence
doctrinale de la Torah ». C’est donc à un pèlerinage à l’intérieur
de la Torah et des mondes que la Kabbale invite :
« Ses
récits qui rapportent des choses du monde composent l’habit qui couvre
le corps de la Torah. Et ce corps est formé des préceptes de la Torah.
Les hommes sans entendement ne voient que les récits, les vêtements;
ceux qui ont un peu plus de sagesse voient également le corps. Mais les véritables
sages, ceux qui servent le Roi Très-Haut, ceux qui se tenaient au Mont
Sinaï, pénètrent jusqu’à l’âme, jusqu’à la Torah véritable
qui est la racine fondamentale de tout. Au temps futurs, il leur sera
accordé de pénétrer jusqu’à l’âme même de l’âme de la Torah.
Voyez maintenant comme il en va
de même dans le monde céleste, avec le vêtement, le corps, l’âme et
l’âme supérieure. Les vêtements extérieurs sont les cieux et tout ce
qu’ils contiennent ; le corps est la communauté d’Israël, et
c’est le vase de l’âme, à savoir de « la gloire d’Israël ».
Et l’âme de l’âme est l’Ancien Saint. Et tout est conjoint, un
degré dans l’autre. »
« L’Ancien Saint, dit le Zohar, n’est pas susceptible de
transformation. Il n’a jamais changé et ne changera pas. Il est le
centre de toute perfection. C’est l’image qui embrasse toutes les
images, l’image qui embrasse tous les noms, l’image qu’on voit
partout et sous toutes les formes, mais seulement au titre de reproduction
ou de peinture, tandis que nul ne peut voir l’image réelle et
authentique. » Kabbale
théosophique et Kabbale extatique
La Kabbale « théosophique » et la Kabbale « extatique » se
distinguent l’une de l’autre par leur symbolisme, descendant ou ascendant.
La Kabbale « extatique » est dite ascendante, en ce sens
qu’elle décrit une ascension de l’homme en direction du divin : « Il est
bien connu des maîtres de la Kabbale que la pensée humaine provient de
l’âme intellectuelle qui est descendue d’en haut. La pensée humaine est
capable de se dévêtir (des résidus étrangers) et de monter jusqu’à
atteindre le lieu de sa source. Alors elle s’unit avec l’entité supérieure
d’où elle procède et elles deviennent une seule entité ».
La Kabbale « théosophique », inspirée par le Zohar, est
dite descendante, parce qu’elle prétend à une union, à une unification de
l’homme et de la « présence divine », la Che’hina, à l’image de l’union du
Saint, Beni soit-il et de la Che’hina. Ainsi s’exprime le Zohar :
« Selon la doctrine cachée, il est du devoir
des hommes de vraie foi de diriger tout leur esprit et toute leur
intention vers la Shekhina. A la lumière de ce qui a été dit précédemment,
on pourrait objecter que l'homme est en état de plus grande dignité au
cours d'un voyage qu'à la maison, en raison de la compagne céleste qui
l'accompagne. Il n'en est pas ainsi. A son foyer, la femme est le
fondement de sa maison, puisque c'est grâce à elle que la Présence divine
n'abandonne pas la maison.
Aussi le verset : « Et Isaac la conduisit dans la tente de
Sarah sa mère » (Gen, XXIV, 67) a été interprété par nos maîtres comme
signifiant que la Présence divine est entrée, avec Rébecca, dans la
demeure d'Isaac. D'après la doctrine cachée, la Mère céleste n'est avec le
mâle que lorsque, la maison étant prête, mâle et femelle sont unis. A ce
moment, la Mère d'en haut répand sur eux ses bénédictions.
De même, la Mère d'en bas ne se trouve avec le mâle que
lorsque la demeure est prête, et que le mâle s'approche de la femelle et
ils s'unissent; alors, les bénédictions de la Mère d'en bas sont répandues
sur eux. Donc, deux femelles, sa Mère et sa femme, doivent entourer
l'homme dans sa maison, tout comme le Mâle d'en haut. C'est à quoi fait
allusion le verset : « Jusqu'au ('ad) désir des montagnes éternelles » (Gen.
XLIX, 26). Ce 'ad est l'objet désiré des « montagnes éternelles »,
à savoir la femelle suprême qui s'apprête pour lui, lui donne la félicité
et le bénit, et aussi la femelle inférieure qui s'unira à lui et trouvera
en lui son soutien.
Semblablement, ici-bas, le désir des « montagnes éternelles »
va vers l'homme lorsqu'il est marié, et deux femelles, l'une du monde d'en
haut et l'autre du monde d'en bas, lui donnent la félicité - celle d'en
haut en répandant sur lui toutes les bénédictions, et celle d'en bas en
recevant de lui son soutien et en s'unissant à lui. C'est ainsi qu'il en
est pour l’homme dans sa maison. »
La singularité de la Kabbale « théosophique » est par
conséquent de proposer une relation entre l’homme et la femme, l’homme et
le Divin, qui imite, en quelque sorte l’union des deux « principes »
masculin et féminin en Dieu et des sephiroths entre eux au sein de la
divinité : « L’union convenable de l’homme et de la femme est à la
ressemblance des cieux et de la terre », ou encore : « Ce n’est ni en
l’homme ni en la femme que la Che'hina se présente mais bien dans
l’intimité de leur relation ». Mais cette union, quand elle est réalisée
« purement », influe positivement sur le monde supérieur. C’est le pouvoir
théurgique de la relation sexuelle dans le monde inférieur.
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