MOUNIR HAFEZ

Entre tradition et pensée contemporaine 

Entre tradition et pensée contemporaine, Les Deux Océans, Paris, 2005

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L'ouvrage regroupe quatre conférences de Mounir Hafez, de 1989 à 1991. Initialement destinées aux cercles de ses auditeurs, elles n’avaient jamais été rendues publiques

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Mounir Hafez, Ce Moi sur lequel ma vie ne peut rien

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Mounir Hafez : A propos de Jacob Boehme - A propos d'Ibn 'Arabî

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Retour à Mounir Hafez

« Vous êtes étrangers à vous-mêmes, et cela, c’est vous »

L’enseignement de Mounir Hafez, puisque c’est ce dont il est question dans ces pages, porte sur la vie intérieure, de ce qu'elle n'est pas - « On peut éprouver des choses profondes, mais ce n’est pas la vie intérieure »,  - et de ce qu'elle est : « La vie intérieure, pourrait-on dire, est un pur entendement ; c’est vivre ce qui est le contraire du phénomène, c’est vivre le noumène, l’essence des choses, vivre dans son essence. »

Cet enseignement est d’un maître spirituel qui emprunte aussi bien à la Tradition occidentale, Jacob Boehme ou le soufisme, car « le soufisme est une vision occidentale », qu’à la science contemporaine. Tel est certainement le trait le plus singulier de cette démarche qui ne se limite pas à désigner « le chemin mystérieux qui va vers l’intérieur », selon les mots du poète romantique allemand Novalis, mais à proposer une méthode qui s’adresse à des personnes « qualifiées », et qui exige, comme il se doit, un véritable « travail intérieur », sous la conduite d’un maître.

Or, si ce maître, en la personne de Mounir Hafez, a disparu, il n’en demeure pas moins sa méthode, qui consistait à mettre en condition ses auditeurs de trouver leur « guide personnel », qui « n’apparaît que lorsque certaines choses ont été réalisées et que d’autres sont mortes », ce « guide de lumière » dont la fonction « est toujours de révéler par n’importe quel moyen l’autre versant de la personne, le versant lumineux ou le Pôle céleste de soi-même ».

Ici, ce sont autant d’expressions familières aux lecteurs de Henry Corbin, le « pèlerin d’Iran », dont Mounir Hafez était très proche. On trouvera d'ailleurs maintes allusions à son œuvre de précurseur. Ainsi la mention de l’Île verte, ce « continent inconnu, d’où tout les continents prennent leur réalité », dans le texte introducteur retenu par Janine Hafez. Mais ailleurs il sera question de l’imagination créatrice, qui n’est pas l’imaginaire : « Ce qui est créateur dans l’imagination, ce n’est pas l’imagination, c’est la pensée ; c’est l’entendement qui imagine. Pourquoi ? L’imagination crée des formes, l’entendement pur est sans forme.»

Avec Henry Corbin, enfin, Maître Eckhart, Jacob Boehme, l’ésotérisme islamique, à côté de philosophes, comme Heidegger, et de scientifiques, forment l’essentiel des références présentes dans cet ouvrage, et ce n’est pas le moindre des enseignements de Mounir Hafez, en des temps de confusion qui sont les nôtres, spécialement en ce domaine, que de confirmer que si l'ésotérisme chrétien en Occident se réduit de nos jours à la connaissance des œuvres de Maître Eckhart et du « théosophe de Görlitz », cette voie initiatique s'enrichit désormais autant de la réflexion scientifique contemporaine que de l’ésotérisme islamique.

Voir http://www.lesdeuxoceans.fr

Patrick Ringgenberg, La peinture persane, ou La vision paradisiaque, Les Deux Océans, Paris, 2006