CAROLINE VON GÜNDERODE

1780 - 1806

Caroline Von Günderode s'est poignardée à l'âge de 26 ans :  : "Terre, ô ma mère! et toi mon père, souffle du vent, / Et toi, feu, mon ami, et toi d'un même sang, ô fleuve! / Et toi le ciel, mon frère, à tous je dis avec respect / Un amical merci, vous avec qui j'ai vécu ici-bas, / Et maintenant que je m'en vais vers l'autre monde, / Vous quittant sans regret, / Adieu, frère et ami, père et mère, adieu!"

"La façon dont j'envisage la mort est la plus calme du monde"

 

"Là, une vie noble, chère aux muses, dans l'éclatante blancheur de son délire, prit fin. Le courant a détruit ce lieu sacré, s'en est saisi, de peur qu'il ne soit profané. Pauvre voix, les Allemands d'aujourd'hui se borneront-ils toujours à ignorer la beauté, à laisser le meilleur tomber dans l'oubli, à profaner le vrai."

Achim von Arnim, à propos de Caroline Von Günderode. 

 

 

 

 

 

Voir Bettina Brentano - Diotima-Sophie - Galerie romantique - Femmes romantiques allemandes

"Oiseau de feu du désir / Qui t'élances d'un coup d'aile / Vers un rayon de soleil / Hélas! que peut bien te faire / Mon chant solitaire?"

 

 

"La chevelure défaite et le sein poignardé, elle gît, blanche et belle, sur la berge verte du Rhin; et le linceul dont elle s'est secrètement enveloppée, c'est le grand souffle mystérieux qui accompagne les fleuves puissants et mâles. Elle avait vingt-six ans, et son amour déçu pour le professeur Creuzer (qui a fait un mariage bourgeois) l'a conduite à cette mort théâtrale, mais émouvante, et sans doute longtemps caressée à l'avance. Est-ce sa beauté, la sonorité magique de son nom, le parfum de secret et d'intimité que laisse sa personne? Est-ce son amitié avec Bettina, qui lui a consacré un livre où se trouve sauvegardée l'image en vif de son âme? Toujours est-il que cette Ophélie ensanglantée s'avance, la première, ouvrant le long cortège des amantes funèbres du Romantisme, où la suivent de près Henriette Vogel, la commensale de Kleist à son festin de mort, et cette Charlotte Stieglitz qui se tua pour donner du génie, croyait-elle, à son mari." Armel Guerne

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NOVALIS

Novalis, deinen heiligen Seherblicken
Sind aufgeschlossen aller Welten Räume,
Dir offenbart sich weihend das Gemeine,
Du schaust es in prophetischem Entzücken.
 

Du siehst der Dinge zukunftsvolle Keime
Und zu des Weltalls ewigen Geschicken,
Die gern dem Aug' der Menschen sich entrücken,
Wirst du geführt durch ahn dungsvolle Träume.
 

Du siehst das Recht, das Wahre, Schöne siegen,
Die Zeit sich selbst im Ewigen zernichten
Und Eros ruhend sich dem Weltall fügen;
 

So hat der Weltgeist liebend sich vertrauet
Und offenbart in Novalis Dichten,
Und wie Narziß in sich verliebt geschauet. 

 

Novalis, les espaces des mondes s’ouvrent

A tes regards sacrés de poète visionnaire,

Tu es initié aux lois communes qui les régissent,

Tu les découvres dans un ravissement prophétique.

 

Tu vois l’avenir de toute chose en ses germes annonciateurs

Et des rêves prémonitoires te conduisent

A la connaissance des destinées éternelles de l’univers,

Elles qui se soustraient d’ordinaire aux regards du commun des mortels.

 

Tu vois le triomphe du droit, du Vrai, du Beau,

Le temps qui s’anéantit lui-même dans l’Eternel

Et Éros qui se repose, tout soumis à l’Univers.

 

Ainsi à travers la poésie de Novalis, se révèle

Cet esprit universel qui s’est confié à lui avec amour,

Tel Narcisse énamouré de s’être contemplé lui-même.

 

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