Predigerkirche, église gothique de l'ancienne abbaye des Dominicains

Sermon 2

(extraits)

 

« Notre Seigneur Jésus-Christ monta dans un petit château fort et y fut reçu par une personne vierge qui était une femme »

 

 

 

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La voie de Maître Eckhart

Sermon 2 (extraits)

Actualité

 

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« Il est nécessaire que l’être humain par qui Jésus fut reçu soit une vierge. Vierge, c’est-à-dire un être humain qui soit dégagé de toutes images étrangères, aussi dégagé qu’il l’était alors qu’il n’était pas »

 

            « Si l’être humain était toujours vierge, il ne produirait aucun fruit. Pour qu’il soit fécond, il est nécessaire qu’il soit femme. « Femme » est le mot le plus noble que l’on puisse attribuer à l’âme, bien plus noble que vierge. Que l’être humain accueille Dieu en soi, c’est bien, et dans cet accueil, il est vierge. Mais Dieu devienne en lui fécond, c’est mieux, car la fécondité du don est seule la reconnaissance pour le don et alors l’esprit est femme dans la reconnaissance qui, à son tour, enfante Jésus en retour dans le cœur paternel de Dieu.»

 

« Une vierge qui est une femme, libre, sans lien, sans attachement, est en tout temps également proche de Dieu et d’elle-même »

 

« J’ai déjà dit souvent aussi qu’il est dans l’âme une puissance qui ne touche ni au temps ni à la chair ; elle flue de l’esprit et demeure dans l’esprit, elle est absolument spirituelle. Dans cette puissance Dieu verdoie et fleurit absolument dans toute la joie et tout l’honneur qu’il est en lui-même. »

 

« Il existe encore une puissance qui est également incorporelle, elle flue de l’esprit et demeure dans l’esprit, elle est absolument spirituelle. Dans cette puissance Dieu arde et brûle sans cesse avec toute sa richesse, avec toute sa douceur et avec toutes ses délices. »

 

          « Comme je l'ai dit au début de notre sermon : « Jésus monta dans un petit château fort et y fut reçu par une personne vierge qui était une femme. » Pourquoi?  Il était absolument nécessaire qu'elle fût une vierge et aussi une femme. Or je vous ai dit que Jésus fut reçu, mais je ne vous ai pas dit ce qu'est le petit château fort. Je veux donc en parler maintenant.

          J'ai dit parfois qu'il est dans l'esprit une puissance qui seule est libre. Parfois j'ai dit que c'est une garde de l'esprit, parfois j'ai dit que c'est une lumière de l'esprit, parfois j'ai dit que c'est une petite étincelle, mais maintenant je dis : ce n'est ni ceci ni cela, cependant c'est un quelque chose qui est plus élevé au-dessus de ceci et de cela que le ciel ne l'est de la terre. C'est pourquoi je le nomme maintenant d'une manière plus noble que je ne l'ai jamais nommé, et cependant il dénie aussi bien la noblesse que le mode et il est bien au-dessus. Il est libre de tous noms, dépourvu de toutes formes, absolument dégagé et libre, comme Dieu est dégagé et libre en lui-même. Il est aussi absolument un et simple que Dieu est un et simple, de sorte que l'on n'est capable selon aucun mode d'y regarder. Cette même puissance dont j'ai parlé, dans laquelle Dieu fleurit et verdoie avec toute sa divinité. »

 

« Si Dieu doit jamais le pénétrer de son regard, cela lui coûtera tous ses noms divins et la propriété de ses personnes. Il lui faut les laisser toutes à l’extérieur pour que son regard y pénètre. Il faut qu’il soit l’Un dans sa simplicité, sans aucun mode ni propriété, là où il n’est en ce sens ni Père ni Fils ni Saint Esprit, et où il est cependant un quelque chose qui n’est ni ceci ni cela. »

 

« Voyez : selon qu’il est Un et simple, il vient dans cet un que je nomme un petit château fort dans l’âme, autrement il n’y pénètre d’aucune manière, ainsi seulement il y pénètre et y demeure. Par cette partie d’elle-même, l’âme est semblable à Dieu, et non autrement. Ce que je vous ai dit là est vrai, je vous en donne la vérité comme témoin et mon âme comme gage. »

 

Traduction Jeanne Ancelet-Hustache