MAÎTRE ECKHART

Ou Dieu dans l’Unité pure

 

 

Sommaire

Aperçus biographiques

La voie de Maître Eckhart

Sermon 2 (extraits)

L'actualité de Maître Eckhart

 

*

Retour à Sommaire

*

Voir aussi Saxe et Thuringe, 2-7 juillet 2004 - Aperçus sur l'ésotérisme - Marie-Madeleine Davy

« La Déité demeure invisible. On peut penser que les Personnes trinitaires, qui appartiennent à la manifestation, servent d’introductrices. Elle entraînent vers…, conduisent, rapprochent. « Qui me voit, voit mon Père », dira le Christ (Jn 14,9), mais le Père n’est pas la Déité. La Déité est au-delà des Personnes divines. Cependant, le chrétien se rapproche de la Déité en suivant le Christ.

Est-ce qu’à un moment donné, l’errant va abandonner les Personnes divines ? Je ne le pense pas. Ce sont elles qui, après l’avoir attiré vers la Présence se retirent »

 

« L’important est de traverser le gué. C’est-à-dire de passer de la manifestation à la non-manifestation »

 

Marie-Madeleine Davy


 

 

L’œuvre de Maître Eckhart se trouve à l’origine d’une lignée de spirituels, à commencer par ses disciples, Suso et Tauler, et depuis le Cardinal Nicolas de Cues (1401-1464) jusqu’à Marie-Madeleine Davy, à qui il reviendra d’expérimenter à leur tour la voie solitaire et intérieure que Sermons et Traités de Maître Eckhart décrivent longuement – encore s’agit-il des modes de réalisation de cette voie. Quant à la voie elle-même, voici ce qu’il en dit dans un extrait de l’unique poème sans doute qu’il ait écrit, Granum Sinapis (Grain de Sénevé) :

 

« Ce point est la montagne
qu'il faut gravir sans agir.
Comprenne qui le peut !
Ainsi la voie te conduit-elle
à l'admirable Désert
qui se déploie sans limite

au large comme au loin,
hors de l'espace et du temps.
Il se génère en Lui-même
dans la perfection de Son seul Être. »

 

            Cette œuvre procède d’une expérience spirituelle aussi exceptionnelle par son intensité que singulière dans un contexte chrétien, en ce sens qu’elle est une expérience de l’Unité – et non de l’union. Si l’on retient que toute expérience de l’union est plutôt de l’ordre de la mystique, l’expérience de Maître Eckhart, en tant qu’expérience de l’Unité, appartient à l’ésotérisme, à l’ésotérisme chrétien. Elle en est même une des expressions les moins contestables.

 

            Or, il n’est pas permis de douter de la réalité de cette expérience dont Maître Eckhart ne livre pourtant que des allusions : « Si vous pouviez le reconnaître avec mon cœur, vous comprendrez ce que je dis et la vérité le dit elle-même. » De même qu’on ne peut douter de son authenticité. Les condamnations auxquelles son œuvre, ou du moins certaines de ses sentences donneront lieu, ne sauraient l’infirmer. Est-il exagéré de dire qu’au contraire elles la confirment ? Rares sont les expériences de l’Unité, au sein du christianisme, qui n’aient pas été sanctionnées d’une manière ou d’une autre. Il n'en reste pas moins que cette expérience de Maître Eckhart représente pour la Tradition occidentale une des voies d’accès à cette délivrance qui forme le terme de toute voie ésotérique.