Les Cahiers du Moulin

Oeuvres d'Armel Guerne

Les Romantiques allemands, Desclée de Brouwer, 1963

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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"Des fragments publiés, ici, les soixante-et-un premiers furent rassemblés par Guerne en personne, qui leur donna du reste ce titre même de Fragments. Dactylographiés, quoique comportant quelques retouches manuscrites, ils formaient un recueil parfaitement homogène. Les autres proviennent de feuilles diverses, mais l'unité profonde de l’ensemble n'en est pas moins manifeste au premier coup d'oeil. La grande majorité de ces notes date de la dernière période de la vie du poète et fut écrite dans son moulin à vent du Lot-et-Garonne, entre 1961 et 1980." Charles Le Brun

 

 

 

 

Les Romantiques allemands, présentés par Armel Guerne

Textes rassemblés et présentés par Armel Guerne; traduits par lui et par quelques élus.

 Publié pour la première fois en 1963, ce recueil mythique rassemblant l’une des plus belles brassées de textes qui se puissent rêver (la plupart en version intégrale), considéré comme l’un des grands livres de son époque, manquerait à tous les amoureux du Romantisme allemand.

Hölderlin, Jean-Paul, Tieck, Novalis, les frères Schlegel, Arnim, Chamisso, Hoffmann, La Motte-Fouqué, Kleist – soit les plus grands. Mais l’on découvrira aussi quelques grands ignorés : Wackenroder, Contessa, Bettina von Arnim et la touchante Caroline von Günderode (la suicidée des bords du Rhin). Sans oublier quelques romantiques tardifs mais de la grande espèce : Eichendorff, Büchner, Grabbe, Mörike…

Un florilège unique en notre langue, tant par son abondance que par la qualité des traductions retenues – notamment celles d’Albert Béguin et de Guerne lui-même.

Phébus libretto, Paris, octobre 2004

L'âme insurgée, Phébus, Paris, 1977

            Le véritable besoin profond de notre époque est un essentiel besoin d'âme : cette inquiète et sourde faim spirituelle que nos consciences déshabituées et nos organes inexercés ne savent même plus ressentir. Besoin révélateur non d'un quelconque « mal du siècle », mais d'une rupture centrale survenue au sein de la machine humaine, en mal, désespérément, d'un improbable - et pourtant très nécessaire - rééquilibrage surnaturel : une maladie du ciel assez grave pour être déjà inavouable ; une maladie honteuse.

             Cette honte, les Romantiques d'hier, interrogeant déjà - de plus loin que nous mais surtout de plus haut - l'avenir qui nous attend, étaient parvenus à l'exorciser. Et c'est à voix haute, avec la véhémence des authentiques insurgés, qu'ils avaient mis en garde leurs contemporains bourgeoisement affairés à construire la société irrespirable que nous habitons par force aujourd'hui.

             On l'a compris, le Romantisme dont il est question ici (et qui a surtout explosé en Allemagne) - n'a pas grand-chose à voir avec l'aimable école littéraire qui se signala en France sous ce nom. Il s'agit essentiellement d'une manière d'être. Qui étaient en effet ces Romantiques d'outre-Rhin qui nous paraissent aujourd'hui si actuels, si fraternels ? D'abord des hommes qui refusaient de vivre dans un monde où l'âme n'aurait plus sa place. Et qui savaient poser, eux, les questions que nous n'osons plus formuler, appelant - et parfois trouvant - des réponses que nous ferions bien de méditer. Car pour eux, c'est clair, la seule littérature digne de ce nom est celle qui exige des mots qu'ils militent en faveur de l'essentiel. Non pour satisfaire, par désir conformiste de vaine séduction, telle ou telle mode esthétique ou idéologique. Mais pour ce qui vraiment fait vivre.