LE MONDE CÉLESTIEL

L'aurore de ta vie se confond avec l'Orient de mon âme

SOMMAIRE

Biobibliographie

Nuit du 6 au 7 avril 1744

Le Monde spirituel

Lettre XXX

  

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Retour à Swedenborg

C.D. Friedrich, Der Morgen

 

J'ai revu ton visage de beauté, après que nous eûmes été séparés un temps, et retrouvé le paradis de ton visage plus émouvant, plus lumineux que jamais. J'ai pensé qu'il n'y avait pas de joie plus profonde, de contemplation plus parfaite que dans ce visage, - où se trouvent inscrites les lignes de mon propre destin célestiel -, et j'ai compris enfin que le visage de l'ami est un paradis quand il emprunte ses traits au visage de l'Ange, et que se montre alors la Face adorable de l'Ami. J'entre ainsi en un monde intérieur, intime, dont l'horizon est éclairé par les traits de ton visage, et ce monde est celui où l'amour de l'ami et de l'ami ne peut être qu'un amour célestiel, comme l'amour de Dieu.

Depuis que mes yeux ont vu toute la beauté de ton âme et que ma propre éternité m'a été révélée à travers ses traits de ton visage, de cet Ange dont je rêvais et qui s'est manifesté à moi dans sa Lumière, - je sais que l'ami et l'ami sont voués à une fidélité parfaite.

Ce monde secret - comme le secret qui entoure l'ami et l'ami - est un monde où "les anges sont blancs", ce qui signifie un monde oriental, dont l'horizon est baigné de cette même lumière matinale qui émane de ton visage lorsque je le contemple. Car ton visage est une aurore et chaque fois que je le contemple avec ton propre regard - le regard de l'Ange -, cette lumière intérieure me pénètre. C'est une lumière blanche, éblouissante, qui se lève chaque fois à l'Orient de mon être, et ne suit pas la courbe du ciel, afin de ne jamais décliner, - mais qui demeure sur l'horizon comme une promesse d'éternité. Mon ciel intérieur est un ciel fixe, barré par les collines éternelles qu'éclaire la lumière de tes yeux sombres. Et, au-dessus de l'horizon, comme les stries des nuages à l'aube, les traits de ton visage dévoilent les lignes secrètes de l'Ange.

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Lorsque l'ami et l'ami échangent un regard, leurs cœurs s'élèvent à travers des cercles dont chaque horizon est promesse d'une vision plus intime de Dieu. Cette commune expérience de l'Ange les unifie : dans le face à face avec l'Ami, ils sont vraiment un seul ange.