Najm-oud-Dine Bammate

Une figure majeure de la rencontre entre l'Orient et l'Occident

 Tous les auteurs - Louis Massignon - Goethe - Islam et islamologie

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Voir aussi l'atelier de Brehed Kaeppelin

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Cités d'Islam, Arthaud, 1987

L'Islam et l'Occident - Dialogues, par Najm-oud-Dine Bammate, Éditions Christian Destremau / Éditions UNESCO, 2000

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Né à Paris le 8 décembre 1922, Najm Oud-dine Bammate est mort le 15 janvier 1985.

 

 

"Réfraction sur réfraction - Lumière sur lumière. Déjà commence le grand jeu de deux et de l'un. Exil de soi et redécouverte de l'autre. Jeu de miroirs aussi entre les civilisations, et d'un temps à un autre. "Le double exil où le double se fond." C'est Catherine Pozzi qui parlait hier. Elle reprenait la tradition de la Lyonnaise de jadis, Louise Labbé. Mais ce dialogue renvoie à son tour, en esprit et en style, aux blasons et motifs de l'amour courtois, ceux de langue d'oc et du "dolce stil nuovo" comme ceux, à foison, des langues arabe, persane ou turque, à Leïla et Madjnoun, à Youssouf et Zouleika, à l'amour fou des Andalous et, plus loin encore, des Hezdjaziens, des Yéménites, toujours plus loin aux grands thèmes hermétiques, platoniciens et plus avant sans doute jusqu'aux mythes immémoriaux où l'Orient et l'Occident s'abolissent." (Préface à L'orient dans un miroir, Roland et Sabrina Michaud, Hachette, 1983)

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"Jardins métaphysiques"

"Le plan symétrique est donné par le chahr bagh, un mot persan qui signifie les "quatre jardins". L'espace est réparti en quatre par l'eau qui court, délimite, irrigue, clarifie et passe. Ce plan tracé par les quatre fleuves de vie est celui même du paradis selon une tradition continue. Dans le Paradis perdu, Milton reprend encore ce thème des quatre fleuves, qu'il unit d'ailleurs à deux autres thèmes - l'eau courante et ruisselante et la Montagne centrale :

"Une grande rivière passait par l'Eden, roulant vers le Sud, / Sans dévier sa course, à travers la colline ombreuse, / Elle passait, souterraine, car Dieu a jeté, / Cette Montagne, comme un moule de Son Jardin élevé, / Sur les courants rapides, qui passent parfois par des veines / De terre poreuse, attirées vers le haut par la soif, / Formant une fontaine de fraîcheur, et par de nombreux ruisselets, / Irriguant le Jardin; alors les courants se réunissent et tombent, / En descendant la vallée abrupte, / Et rencontrent les eaux inférieures, / Qui sourdent hors de leurs sombres passages, / Et se divisent maintenant en quatre fleuves principaux".

Tout est dit. Les thèmes majeurs sont contenus. L'Occident a rencontré l'Orient dans les jardins métaphysiques." (Cités d'Islam, Arthaud, 1987)

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« L’Occident ne devrait pas seulement demander à l’Occident des techniques ; de même, d’ailleurs, l’Occident se trompe en n’attendant de l’Orient que des philosophies. L’Orient peut enseigner que la pensée n’est pas seulement créations d’idées, de formes et de valeurs mais créatrice d’être, et que la réalité n’est pas seulement découverte ou conçue par l’intelligence, mais qu’elle est témoignée par l’âme et manifestée par une certaine stature de l’homme, un certain style de vie et dans les traits les plus humbles. L’étude de la tradition orientale n’est à peu près rien si elle n’est une expérience transformatrice de l’être, c’est-à-dire une technique spirituelle. Inversement, je crois que le jour où la rupture sera consommée sera celui où l’Orient n’attendra vraiment plus de l’Europe que des tours de mains, du matériel et de l’appareillage. Ce que nous avons surtout à prendre en Occident, ce n’est pas une technique mais une certaine plénitude, une certaine densité individuelle, une densité qui n’est pas matérialisme mais humanisme, une densité de l’individu qui s’atteint par l’esprit, non par les industries.

Entre l’Islam et l’Occident, il ne faut pas rechercher le compromis, mais, au contraire, l’absolu. Car le propre du relatif (et qu’est-ce que le compromis si ce n’est le relatif par excellence ?) est de diviser, et seul l’Absolu peut unir. »

« La pensée islamique en présence de l’Occident », 19 juillet 1958

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Ce qu'il disait de Louis Massignon

"Là où Louis Massignon essayait de placer chacun de nous, c'était dans ce point central, dans cette brûlure du cœur, dans cette expérience, dans cette découverte, cette commotion qui se trouve au centre même de l'expérience de chacun de nous, de l'expérience religieuse de chacun de nous, à l'intérieur même de sa propre religion."

"La vie de Louis Massignon fut un échange perpétuel entre le passé assumé comme un vœu, le présent vécu comme action poétique, et l'au-delà conçu comme éternité, dans la justice."

Ce qu'il disait de René Guénon

"Le Coran prescrit au fidèle : "N'enfle pas la voix quand tu pries; ne réduis pas non plus ton souffle; mais reste dans la moyenne, entre deux." J'entends encore la voix égale de René Guénon citer la phrase arabe. C'était au Caire et il s'agissait de l'appel à la prière."