FRANZ VON BAADER

« La virginité terrestre expire dans l’étreinte virile, / La virginité céleste naît dans l’accueil céleste. »

1765-1841

 

Bibliographie

Le spécialiste en France de Franz von Baader est Antoine Faivre

Accès à l’ésotérisme occidental, Gallimard, 1986, deux volumes et "Baaderiana", in Philosophie de la Nature, Albin Michel, 1996

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Théosophie

Rudolf Steiner et Novalis - Florian Roder - Wackenroder  - Novalis et Jacob Boehme

 

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Retour à Novalis

 

« Franz Xavier von Baader, grand manieur d'idées, moins philosophe que poète et moins poète que philosophe, est un personnage des plus attachants dont la pensée, amie des vieux mystiques, impressionna aussi bien Schelling que Schlegel, Novalis ou Stephens. C'est le grand physicien romantique, le savant-poète, médecin, géologue, familier des grands grimoires, qui brasse dans son athanor tous les élans de son époque, pour les traduire en une suite d'étranges et brefs opuscules, dans une langue toujours étonnante et prophétique, difficile parfois, où la mystique des nombres voisine tout naturellement avec les plus arides problèmes de linguistique, l'étude passionnée de la nature avec les spéculations ésotériques les plus abstruses.  Un grand miroir intelligent du cosmos. »

Armel Guerne

Franz von Baader est né à Munich en 1765, dans une famille catholique. Après des études de médecine, il se dirige vers la minéralogie, à l’Université de Freiberg, en Saxe, où il recevra l’enseignement de Werner, le même Werner dont Novalis sera l’étudiant quelques années plus tard – ce dernier fera de lui le Maître des Disciples à Saïs. Après un séjour de quatre ans en Angleterre, à partir de 1792, Franz von Baader, de retour à Munich, se passionne pour Jacob Böhme, après la lecture de Louis-Claude de Saint Martin dont les ouvrages traduits en allemand ont permis, à cette époque, la redécouverte en Allemagne de l’œuvre du théosophe de Görlitz. Franz von Baader apparaît comme un disciple de Jacob Boehme. On a même dit de lui qu’il était un « Bohemius redivivus », autrement dit un nouveau Boehme, en tout cas un des plus intéressants ésotéristes du romantisme allemand, dont l’expérience spirituelle s’inscrit dans l’ordre de la christosophie de Jacob Boehme : « L’espérance de tout chrétien [repose] à la fois sur la Révélation future, générale et personnelle, du Christ (comme juge du monde), et sur la Révélation intérieure, secrète et individuelle (…). Il n’est pas chrétien celui qui ne croit pas, soit en la venue historique, soit en la venue mystique (secrète) du Christ, et n’en éprouve pas de joie ».

 

Dessin de Franz von Baader, reproduit par Antoine Faivre, dans sa Philosophie de la Nature

 

« C’est à Munich que vécut le plus original de tous les penseurs romantiques, et celui qui peut passer pour l'inventeur de la plupart de leurs idées: ce Franz von Baader, dont l'influence s'exerça aussi bien sur Schelling que sur les médecins magnétiseurs, sur Schlegel et sur Steffens. Nul ne représente mieux que lui le type même du « physicien romantique ». Médecin avant de passer par des études géologiques à Freiberg, introducteur (après Mathias Claudius) de Saint-Martin en Allemagne, ami de Lavater, grand lecteur des vieux mystiques, cet homme singulier ne laissa rien échapper de ce qui constitua le mouvement original de son époque.  Inspecteur des mines, il ne fut pas homme de cabinet seulement, et son voyage en Russie de 1822 qui finit lamentablement par des complications policières, dut avoir on ne sait quelles fins diplomatiques. Son ascendant fut considérable dans le monde catholique de la Restauration; Lamennais el Montalembert, qui furent ses hôtes à Munich, éprouvèrent vivement la fascination qu'il exerçait sur tous ceux qui l'approchèrent. Son magnifique profil de médaille antique, la majesté d'un visage qu'animait une vive flamme, reflétaient une nature infiniment malaisée à saisir à travers ses écrits et les témoignages de ses contemporains. Le jeune homme du Journal intime a toute l'ardeur ambitieuse et volcanique du Sturm und Drang, et, lorsque, vieillard, il épouse en secondes noces une toute jeune fille, on le retrouve pareil à ce qu'il fut à vingt ans : passionné, mystérieux, insensible à la vanité autant qu’il y avait été accessible en son âge mûr. Son œuvre consiste en une foule de brefs traités, obscurs et singuliers, qu'il envoyait à ses amis, et où tout est fragment, aperçu, intuition abrupte. Une langue imagée et prophétique, assez voisine de celle de Hamann, ne rend pas toujours facile la lecture de ses écrits ésotériques, où le problème du mal, de l'âge d'or, de la chute se mêle sans cesse à l'étude de la nature, la mystique des nombres à des questions linguistiques »

Albert Béguin, L’âme romantique et le rêve, José Corti, 1989