L'ART SACRE DE L'ISLAM

Notions d'art islamique

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Aperçus sur l'art islamique - L'Image divine - Art sacré

 

Retour à Islam et islamologie

 

Copyright©1998 Jean Moncelon

 

 

 

L’écriture

L’écriture arabe va de droite à gauche, c’est-à-dire de " l’extérieur " vers " l’intérieur ", la gauche symbolisant le cœur.

La calligraphie est sans doute le plus arabe des arts de l’Islam, mais il est aussi le plus noble, car " il prête une forme visible à la Parole révélée du Coran ".

Interpréter les calligraphies, quels que soient leurs styles, revient à en connaître la symbolique :

A la verticale qui signifie l’Essence et son Unité, correspondent les hampes des lettres verticales (le alif , le lam ). Il n’est question dans cette dimension que de l’attestation de l’Un.

A l’horizontal qui signifie le devenir et sa multiplicité, correspondent les autres lettres. Il s’agit cette fois de manifester l’expansion de l’âme.

L’arabesque participe de la même magie évocatrice : elle mêle l’entrelacs qui est une sorte de " spéculation géométrique " et un motif végétal qui s’apparente à une " graphique du rythme ". C’est ce qui confère à l’arabesque son élégance spirituelle.

 

La mosquée

L’église comme la mosquée sont bâties selon des plans liturgiques différents. Il n’est pas inintéressant de les comparer.

Dans une église, le plan est établi en fonction d’une convergence vers le chœur et surtout l’autel qui est le centre sacramentel du lieu de culte. Le plan d’une église se déploie en profondeur. Quant à son orientation traditionnelle, elle est ce point à l’horizon où le soleil se lève à Pâques.

Dans une mosquée où il n’existe pas de centre sacramentel, le plan est conçu selon une direction - qui est celle de l’orientation des fidèles vers la Kaaba. Le plan d’une mosquée s’étend par conséquent en largeur. On pourrait dire que chaque mosquée constitue un segment de ces cercles concentriques qui se déploient à partir du centre qui est la Kaaba.

La prière musulmane n’est donc pas associée à un lieu, mais à une direction, la qibla.

La mosquée primitive est construite à l’image du Paradis, avec ses murs extérieurs aveugles, sa cour carrée et une fontaine aux ablutions en son centre. Parmi les plus célèbres on peut citer celles de Damas, de Kairouan, de Samara et du Caire.

Célèbres également sont les mosquées à coupole centrale, typiques de l’art ottoman, comme la mosquée bleue d'Istanbul, oeuvre de l'architecte turc Sinan (1490-1588). Il s’agit cette fois d’un édifice cubique recouvert d’un dôme hémisphérique (le cercle et le carré). Avec leur coupole qui symbolise l’Esprit, avec leur base cubique qui représente le cosmos et leur quatre piliers d’angle, avec leur structure octogonale, monde intermédiaire entre le ciel et la terre qui figure les huit anges ou les huit directions de la rose des vents, elles sont un reflet de l’Unité divine.

Les mosquée contemporaines, quant à elles, s’inscrivent dans la même Tradition, se réfèrent à la même symbolique. C’est en cela que l’Islam, loin de " stagner ", comme on a tendance à le croire, maintient le lien avec le plus précieux, " ce colloque de l’esprit à l’esprit " qui fait désormais défaut à l’Occident, cette permanence de l’idée que l’homme est le serviteur d’un seul Maître. Bien des conflits de notre époque ne s’expliquent pas autrement et c’est aussi ce qui fait, en Occident, la difficulté de " vivre avec l’Islam ".

Le mihrâb

Le mihrâb, dans une mosquée, est une niche qui indique la direction de la Kaaba. Sa voûte représente le ciel et son pied-droit, la terre. Sa symbolique en fait une image de la caverne, c’est-à-dire du lieu " caché " où se manifeste le Seigneur qui est un refuge pour le cœur du fidèle.

La cité

Le sacré est le principe fondateur de la cité islamique. L’organisation de la cité islamique, quels qu’en soient ses particularismes locaux, reste à peu près identique et ce n’est guère que depuis une ou deux générations que les choses changent.

Au centre se trouve la grande Mosquée. Tout autour et selon un axe ou deux axes de pénétration se répartissent les souks - ou les bazars, en Iran. A l’écart de ces axes, un labyrinthe de ruelles conduisent à des îlots de maisons aux façades aveugles.

Car, les maisons de la cité islamique sont bâties selon un plan traditionnel où l’on retrouve le même symbolisme : la maison est un lieu clos sur l’extérieur et ouvert sur l’intérieur et surtout vers le ciel, que ce soit par un patio, comme au Maghreb, ou un mafrâj , comme au Yémen. Il y a un intérieur et un extérieur. L’intérieur est l’univers de la femme, l’extérieur celui de l’homme. Lorsque le patio ou la cour centrale possède une fontaine, des fleurs, on a une image du Paradis.

La cité islamique tout comme les maisons qui la composent sont autant d’images de la communauté des musulmans, du dâr al-islâm  (la Maison de l’Islam).

Les jardins

La prière musulmane est orientée vers un point unique qui est, comme nous l’avons vu, la Kaaba, centre liturgique de l’Islam. Cette extraordinaire convergence vers son centre terrestre de la communauté des croyants est un principe qui s’applique aussi à " l’architecture " des jardins.

Le jardin musulman est conçu à l’inverse des jardins " à la française ". Il n’ouvre pas sur l’extérieur, il ne développe pas de perspectives. D’abord, une clôture l’isole entièrement du dehors, ensuite il s’organise autour d’un centre qui est une fontaine ou un kiosque, pour le repos de la pensée. Ainsi le jardin musulman apparaît-il comme " un monde en réduction ", une représentation globale de l’univers, ainsi qu’une image du Paradis.

L’art des jardins musulmans est, enfin, un art de la contemplation, parce que fondamentalement le jardin musulman est  un " lieu de rêverie qui transfère hors du monde ".