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Lécriture
Lécriture arabe va de droite à gauche,
cest-à-dire de " lextérieur " vers
" lintérieur ", la gauche symbolisant le cœur.La calligraphie est sans doute le plus arabe
des arts de lIslam, mais il est aussi le plus noble, car " il prête une
forme visible à la Parole révélée du Coran ".
Interpréter les calligraphies, quels que soient
leurs styles, revient à en connaître la symbolique :
A la verticale qui signifie lEssence et son
Unité, correspondent les hampes des lettres verticales (le alif , le
lam ). Il nest
question dans cette dimension que de lattestation de lUn.
A lhorizontal qui signifie le devenir et sa
multiplicité, correspondent les autres lettres. Il sagit cette fois de manifester
lexpansion de lâme.
Larabesque participe de la même magie
évocatrice : elle mêle lentrelacs qui est une sorte de
" spéculation géométrique " et un motif végétal qui
sapparente à une " graphique du rythme ". Cest ce qui
confère à larabesque son élégance spirituelle.
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La mosquée
Léglise comme la mosquée sont bâties selon
des plans liturgiques différents. Il nest pas inintéressant de les comparer.
Dans une église, le plan est établi en fonction
dune convergence vers le chœur et surtout lautel qui est le centre
sacramentel du lieu de culte. Le plan dune église se déploie en profondeur. Quant
à son orientation traditionnelle, elle est ce point à lhorizon où le soleil se
lève à Pâques.
Dans une mosquée où il nexiste pas de centre
sacramentel, le plan est conçu selon une direction - qui est celle de lorientation
des fidèles vers la Kaaba. Le plan dune mosquée sétend par conséquent en
largeur. On pourrait dire que chaque mosquée constitue un segment de ces cercles
concentriques qui se déploient à partir du centre qui est la Kaaba.
La prière musulmane nest donc pas associée
à un lieu, mais à une direction, la qibla.
La mosquée primitive est construite à limage
du Paradis, avec ses murs extérieurs aveugles, sa cour carrée et une fontaine aux
ablutions en son centre. Parmi les plus célèbres on peut citer celles de Damas, de
Kairouan, de Samara et du Caire.
Célèbres également sont les mosquées à coupole
centrale, typiques de lart ottoman, comme la mosquée bleue d'Istanbul, oeuvre de
l'architecte turc Sinan (1490-1588). Il sagit cette fois dun édifice
cubique recouvert dun dôme hémisphérique (le cercle et le carré). Avec leur
coupole qui symbolise lEsprit, avec leur base cubique qui représente le cosmos et
leur quatre piliers dangle, avec leur structure octogonale, monde intermédiaire
entre le ciel et la terre qui figure les huit anges ou les huit directions de la rose des
vents, elles sont un reflet de lUnité divine.
Les mosquée contemporaines, quant à elles,
sinscrivent dans la même Tradition, se réfèrent à la même symbolique.
Cest en cela que lIslam, loin de " stagner ", comme on a
tendance à le croire, maintient le lien avec le plus précieux, " ce colloque
de lesprit à lesprit " qui fait désormais défaut à
lOccident, cette permanence de lidée que lhomme est le serviteur
dun seul Maître. Bien des conflits de notre époque ne sexpliquent pas
autrement et cest aussi ce qui fait, en Occident, la difficulté de
" vivre avec lIslam ".
Le mihrâb
Le mihrâb, dans une mosquée, est une niche qui
indique la direction de la Kaaba. Sa voûte représente le ciel et son pied-droit, la
terre. Sa symbolique en fait une image de la caverne, cest-à-dire du lieu
" caché " où se manifeste le Seigneur qui est un refuge pour le
cœur du fidèle.
La cité
Le sacré est le principe fondateur de la cité
islamique. Lorganisation de la cité islamique, quels
quen soient ses particularismes locaux, reste à peu près identique et ce
nest guère que depuis une ou deux générations que les choses changent.
Au centre se trouve la grande Mosquée. Tout autour
et selon un axe ou deux axes de pénétration se répartissent les souks - ou les bazars,
en Iran. A lécart de ces axes, un labyrinthe de ruelles conduisent à des îlots de
maisons aux façades aveugles.
Car, les maisons de la cité islamique sont bâties
selon un plan traditionnel où lon retrouve le même symbolisme : la maison est
un lieu clos sur lextérieur et ouvert sur lintérieur et surtout vers le
ciel, que ce soit par un patio, comme au Maghreb, ou un mafrâj , comme au Yémen. Il y a
un intérieur et un extérieur. Lintérieur est lunivers de la femme,
lextérieur celui de lhomme. Lorsque le patio ou la cour centrale possède une
fontaine, des fleurs, on a une image du Paradis.
La cité islamique tout comme les maisons qui la
composent sont autant dimages de la communauté des musulmans, du dâr
al-islâm (la Maison de lIslam).
Les jardins
La prière musulmane est orientée vers un point
unique qui est, comme nous lavons vu, la Kaaba, centre liturgique de lIslam.
Cette extraordinaire convergence vers son centre terrestre de la communauté des croyants
est un principe qui sapplique aussi à " larchitecture "
des jardins.
Le jardin musulman est conçu à linverse des
jardins " à la française ". Il nouvre pas sur
lextérieur, il ne développe pas de perspectives. Dabord, une clôture
lisole entièrement du dehors, ensuite il sorganise autour dun centre
qui est une fontaine ou un kiosque, pour le repos de la pensée. Ainsi le jardin musulman
apparaît-il comme " un monde en réduction ", une représentation
globale de lunivers, ainsi quune image du Paradis.
Lart des jardins musulmans est, enfin, un art
de la contemplation, parce que fondamentalement le jardin musulman est un
" lieu de rêverie qui transfère hors du monde ".
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