ARMEL GUERNE ET BERNANOS

« Bernanos, pour moi, c'est Bernanos ; et le reste du monde n'est que le reste du monde. La mort de sa personne humaine est un énorme trou noir qui s'ouvre et se creuse un peu plus chaque jour : beaucoup qui ne savent même pas qu'il existe, y ont déjà passé. Il pourrait être salutaire d'en observer un peu les bords, et d'en examiner le fond avant que ce que tant de siècles ont appelé la France, y ait aussi passé. »

Armel Guerne, in Cahier de l'Herne, n° 67, Paris, 1962

(1888-1948)

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"S'il était besoin de quelque nouvel exemple pour démontrer à nouveau combien le génie se rit des classements et des catégories où, pour assurer mieux ses jugements la médiocrité et l'envie prétendent l'enfermer, le voici..."     

Voir "Monsieur Ouine et le roman contemporain ou Le vieux Narcisse est mort", par Armel Guerne

 

 

> Lettre de Georges Bernanos à Armel Guerne, 27 décembre 1945

Cher ami,

Il y a tout de même des réussites dans la vie, des grands et des petits miracles - mais on ne sait jamais quels sont les grands, quels sont les petits - enfin qu'importe, ce sont des sourires de Dieu.

Car c'est bien émouvant pour moi de dire aujourd'hui, après avoir lu votre livre, que vous êtes bien l'homme que j'avais cru reconnaître dès le premier moment et presque dès le premier regard lorsque vous êtes entré brusquement dans notre maison, dans notre amitié, avec votre chère femme, un jour d'automne.

J'ai lu et relu vos pages d'une extraordinaire densité, d'un éclat si humain, d'un accent si volontaire et pourtant jamais forcé. parmi tant  de déceptions et de dégoût, on se dit qu'un tel livre ne pouvait être écrit qu'en France, et que nous pouvons encore servir.

Je vous souhaite un bon Noël ainsi qu'à Madame Guerne. Vous êtes de ceux, en petit nombre, qui me font désirer de me rapprocher de Paris, du moins pour quelques mois.

Croyez à ma profonde et fidèle sympathie.

*

Bernanos et Pérégrine Guerne (1947)

*

"Lorsque parfois, n'en pouvant plus, j'imagine Bernanos vivant aujourd'hui - j'en suis pris de terreur alors, et je rends grâce que ce soit moi, et pas lui, qui soit encore dans ce malheur. Heureux les morts! encore une fois. L'existence de Bernanos en ce monde est INIMAGINABLE une minute de plus que son heure. Mon Dieu, que c'est bien ainsi!"

2 novembre 1969