De sa
conversion en 1908 à sa mort en 1962 Un premier printemps égyptien
(1907)
[Vivre avec les Arabes mais avec une « rage
laïque de comprendre »]
Les circonstances de sa conversion (1908)
[ Lexpédition archéologique,
laccusation despionnage, la Visitation de lÉtranger, le retour en
France, le vu de substitution fraternelle pour les musulmans et spécialement les
Alusi ]
Hallâj
[ La personnalité controversée de Hallâj,
« martyr mystique de lIslam », mort en croix à Bagdad. Il est
larbre qui cache la forêt, Hallâj étant finalement plutôt excentrique, cf.
sa sentence : « Deux prosternations et cest assez pour la Prière du
désir ; mais lablution qui les valide doit être faite dans le sang ».
]
Lawrence dArabie
[L.M. et la politique française au moyen orient.
1917 : lentrée à Jérusalem avec Lawrence]
Salmân Pâk (à partir de 1927)
[Qui est Salmân al-Farisi ? Un des compagnons
du Prophète, un converti du christianisme, un Iranien, un fidèle de Alî, à la
mort de Muhammad, Salmân, « lami qui na pas trahi
». L.M.
sest, quoi quon en dise, quelque peu identifié à Salmân dont « nulle
part il est dit quil ait renié le Christ
» Salmân représente une
« pierre dattente » pour la réconciliation entre lislam et le
christianisme, avec les chiites principalement et, de toute manière, toujours au
terrain de contact spirituel entre les deux religions ]
La Badaliya
[ Une sodalité de prières, dont les fondements
restent la substitution fraternelle, le don de soi pour les musulmans. Sa création avec
Mary Kahil, à Damiette, en 1934. Qui est Mary Kahil : 1913-1934 ? Pourquoi
Damiette ? Saint François et lIslam, etc. La substitution
« Aimer absolument un être, ce nest pas
seulement désirer ce que Dieu veut quil devienne ou entrevoir quil deviendra,
sans ce soucier du comment et du pourquoi. Laimer ainsi pour lui, cest
réaliser non pas demain, mais maintenant, et pour toujours par un abandon à sa place,
livrer à Dieu sans réservé ce qui lui manque actuellement pour le devenir ». Ceci
sapplique, dans lesprit de L.M., à ses frères perdus, aux musulmans, etc.]
Son ordination (1950)
[ En 1949, passage au rite melkite, ordination
lannée suivante par Mgr Medawar, au Caire. Des conséquences qui sen suivent,
à Paris et à Rome, tant dans lÉglise que parmi les amis de L.M.
« gourmandise spirituelle » ! Pourquoi ? La liturgie de langue arabe
et lachèvement de son vu de substitution de 1908.]
Son combat « gandhien » pour la
Justice
[ Lunique préoccupation de L.M. fut la
justice, ni la démocratie, ni la liberté, ni les droits de lhomme, mais la
Justice. Cest pourquoi il a utilisé larme de la non-violence, dans
lesprit de Gandhi, contre la torture, les exactions diverses de la France coloniale
au Maroc et en Algérie, les camps, le problème des D.P., etc. avec, à ses côtés,
Lanza del Vasto, François Mauriac ou Théodore Monod ]
Sa pratique du décentrement
mental
Vivre « en arabe » parmi
les musulmans : de sa première tentative égyptienne à la pratique de toute
une vie : « on se rapproche dune chose non en nous, mais en elle ». En
dautres termes, pour comprendre lAutre, il faut se décentrer mentalement, et
le comprendre comme lui-même se comprend.
Ce décentrement mental demeure
lunique manière de comprendre et daimer.
Dimension
abrahamique de lIslam
Les Ahl al-Kitâb
[ Les Gens du Livre. En fait,
cest à L.M. que les chrétiens doivent dutiliser lexpression comme
allant de soi ! Autre formule fameuse à propos des Gens du Livre : Israël et
lespérance, la Chrétienté et la charité, lislam et la Foi.]
Le Culte pur (Ikhlâs) comme
accès de lislam à Dieu selon L.M.
[ Cf. Sourate CXII : « Dis :
« Lui, Dieu est Un ! Dieu !
LImpénétrable ! Il
nengendre pas ; il nest pas engendré ; nul nest égal à
lui ! » ]
Les deux seuls Purs (Jésus & Marie)
[ « Du fils de Marie et de sa Mère, nous avons
fait un Signe » (XXIII, 50)
Le Dieu dAbraham et de Marie en son Magnificat
est le Dieu des musulmans ]
Le saint Coran
« Le Qurân formule comme une
clôture finale, par régression jusquavant Moïse, de la révélation ; ce
nest plus lidée chrétienne du texte biblique « corps du
Christ », (
) ce nest pas lidée juive du pacte dalliance
spécial (
). Non, cest le simple rappel, par un avertisseur, du Covenant
primitif de lhumanité et de son effrayant jugement final (
) »
(1935)
De la Loi mosaïque à Jésus de Nazareth, puis à la
Pentecôte, donc à lEsprit Saint, - Paraclet que les musulmans assimilent à
Mohammed lui-même, - et puis six siècles après la Pentecôte, alors que tout est dit
dans lhistoire du Salut, le saint Coran, dont le propos récapitule cette même
histoire depuis Adam jusquau Sceau des Prophètes en même temps que la Loi
quil énonce est pré-mosaïque et son propos fortement eschatologique
puisquil annonce le retour de Jésus et le Jour du Jugement
Cette
« globalisation » de lhistoire du Salut ramène aux origines,
cest-à-dire à Abraham, le père de tous les croyants, et dans le même temps
projette lhumanité vers sa fin, le rassemblement, le Jour de la
Résurrection : « Il est Celui devant qui vous serez rassemblés » (VI,
72). De la religion de la soumission à Dieu (Islam) à la religion de la Paix en Dieu
(Salam).
Le mot de la fin au Cardinal Journet et au
Coran
« Dieu sait ce quIl fait », disait
le futur cardinal Journet, concluant au mystère de lexistence même de
lIslam. Quant au saint Coran, il affirme : « Si Dieu lavait
voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le
don quil vous a fait » (V, 48)
Ses percées
métaphysiques Les
trois Prières d’Abraham
[ C’est aussi sous le nom de
frère Ibrahim que L.M. entra dans le tiers-ordre franciscain ]
Isaac et les juifs
[ « les Juifs n’ont plus
qu’une espérance, mais elle est abrahamique. » ]
Ismaël et les musulmans
[ « Les Musulmans n’ont plus
qu’une foi, mais c’est celle d’Abraham dans la Justice de Dieu. » ]
Sodome
[ En quoi Sodome
intéressait-il L.M. ? Une de ses préoccupations majeures, puisqu’à l’origine
de sa conversion. Ses efforts personnels, ses amitiés, la messe mensuelle
avec le Cardinal Daniélou, etc.]
Fâtima
[ La fille du Prophète de
l’Islam, l’hyperdulie dont elle est l’objet parmi les musulmans chi’ites, en
quoi elle représente l’Eternellement féminin pour les chi’ites, à la manière
dont la Vierge Marie est le modèle de toute spiritualité féminine pour les
chrétiens.
Voir
Fâtima
« En Islam, l’action de la
femme, pour voilée qu’elle soit, comme son visage, traduit l’intervention
« étrangère » de l’Esprit divin dans la société humaine »
Ainsi la rencontre entre
l’islam et le christianisme pourrait être le fait de femmes « partageant, à
égalité, les devoirs religieux de l’homme, avec une compréhension
spirituelle qui [leur] est propre. » ]
Maryam
[L.M. et le mystère de la
réconciliation mariale avec l’Islam, Notre Dame de Fatima, Notre-Dame du
Voile, Celle qui parcourt la terre pour recueillir les larmes de ceux qui
pleurent…
Ce que représente Marie pour
les musulmans, l’une des quatre femmes du paradis, et la seule « Pure ». Une
sourate porte son nom (XIX) : « Mentionne Marie, dans le Livre. (…) Nous lui
avons envoyé notre Esprit : il se présenta devant elle sous la forme d’un
homme parfait. Elle dit : « je cherche une protection contre toi, auprès du
Miséricordieux ; si toutefois tu crains Dieu ». Il dit : « Je suis l’envoyé
de ton Seigneur pour te donner un garçon pur » (16-19).
Notre Dame de Fatima : « la
coïncidence homonymique entre le lieu de ces apparitions mariales, et la
fille préférée du prophète de l’islam, a fait travailler les esprits,
l’Eglise ayant autorisé à baptiser des filles « Fatima » et des garçons « Fatime ».
Le soleil « roulé » le 13
octobre 1917 à Fatima et le premier verset de la sourate LXXXI
La république islamique d’Iran
et Fatima (1995)]
Aperçu sur les Sept Dormants
d’Éphèse
(les Ahl al-Kahf du
saint Coran)
[Histoire chrétienne et récit
coranique, localisation des différents sanctuaires, dimension eschatologique
de la légende]
Voir
Ahl al-Kahf
La rencontre islamo-chrétienne
de Vieux-Marché
[De 1954 à nos jours, la
rencontre entre chrétiens et musulmans, initiée par L.M., le dimanche qui
suit la fête de Marie-Madeleine, en Bretagne. La légende celtique, la
récitation de la Fâtiha et le pardon chrétien. Mais tout ceci reste
bien confidentiel, malheureusement]
Meryem Ana Evi
[Historique : d’une vision d’Anne-Catherine
Emmerick au pèlerinage islamo-chrétien de La Maison de la Vierge. Le soutien
sans faille de Mgr Descuffi lui-même – à qui l’on doit les principales
interventions sur l’islam pendant Vatican II. Meryem Ana Evy aujourd’hui, ce
sont plus de 300 000 pèlerins dont 2/3 de musulmans, une « Maison de la
Vierge » où les musulmans peuvent prier et les chrétiens célébrer la Messe,
où chrétiens d’Europe, Arméniens, catholiques turcs et musulmans viennent se
confier à la Vierge Marie. Durcissement de part et d’autre malheureusement.
Mgr Bernardini lui-même moins enthousiaste que son prédécesseur qui avait
fait sienne la prophétie de L. M. :« Éphèse doit devenir, avant le
rassemblement final à Jérusalem, pour tous les groupes chrétiens et
musulmans, le lieu de la réconciliation en « Hazrat Meryem Ana » (Notre
Mère, en turc), en attendant qu’Israël la reconnaissant enfin comme la
gloire de Sion, rejoigne cette unanimité tant désirée » (1961) ]
La question de la Palestine
La rencontre entre le
christianisme et l’islam ne pourra s’établir vraiment que lorsque la
question de Palestine sera réglée équitablement et l’internationalisation
des Lieux saints devenue une réalité
Pour un anniversaire !
Ce qui se disait en 1948 de
l’État d’Israël
« Il faut autoriser les
Arabes qui ont fui hors de l’État d’Israël à rentrer dans leurs demeures
sans aucun délai. Jamais on ne devrait traiter des réfugiés comme des otages
politiques. Il est déplorable, que dis-je, incroyable qu’après ce que les
Juifs d’Europe ont subi, un problème de personnes déplacées arabes soit créé
en Terre Sainte. » (Dr Judah Magnes, groupe Ihud, 21 août 1948)
et de Jérusalem
« Le salut du monde dépend
de plus en plus d’Israël, du caractère qu’il imprime à son retour au pays ;
il n’y pourra rester que s’il accepte, avec un contrôle international
suprême, d’y vivre à égalité, avec les musulmans et avec les chrétiens qui
sont tous nés natifs de Nazareth » (Louis Massignon, 1948)
Le
dialogue instauré par Louis Massignon entre le christianisme et lislam
Un dialogue précurseur
![Vieux Marché](/images/vieux marché2.jpg)
A Vieux-Marché, dans les Côtes
d'Armor
[ un dialogue non sans risque (les
attaques venant à la fois de lislam et du christianisme, cf. son mot à Denise
Masson) ]
Pour de multiples raisons dont le fait que L.M.
croyait contre les théologiens y compris les Dominicains du Caire que
Allâh, le Dieu des musulmans, était le même que « le Dieu dAbraham et de
Marie en son Magnificat », [on peut citer lanecdote du maître iranien], mais
aussi parce que L.M. nétait pas un « convertisseur » - le cas de
Jean-Mohammed Abdel Jalil est très particulier - : « Le plus profond
apostolat nest pas de singénier à « convertir », du dehors,
attitude qui travestit et rend odieux le zèle chrétien pour les âmes. » Ou
encore « Salut ne veut pas dire nécessairement conversion extérieure.
Cest déjà beaucoup quun plus grand nombre appartienne à lâme de
lEglise, vive et meure en état de grâce. »
Lambiguïté demeure cependant, à cause de ses
relations avec les chrétiens dOrient. Sil leur demandait dêtre des
témoins jusquau martyre du Christ, cest aussi quil
estimait que les musulmans comprendraient de la sorte le message évangélique qui
consiste fondamentalement à donner sa vie pour ceux quon aime ce que
lui-même na cessé de faire. Les chrétiens dOrient doivent donc se donner,
comme le Christ, pour le salut de leurs frères musulmans, se substituer à eux.
Cest tout le sens de la Badaliya (cf. infra). ]
La rencontre islamo-chrétienne
aujourdhui
La rencontre islamo-chrétienne, 30
ans après la mort de Massignon, apparaît « piégée » par la politique sioniste à
léchelle de la planète
Existe-t-elle encore ?
Il ne peut plus y avoir de rencontre
entre lislam et le christianisme que sous le mode dun « duel
loyal » : il faut, par conséquent, entre chrétiens et musulmans, engager le
fer avec les mêmes armes et dans un réel respect mutuel. Il ne sert à rien de chercher
à se comprendre, dans un monde désormais en armes. Comme lécrit Tarek
Ramadan : « A étouffer les intelligences, on fait sortir les armes ».
Et bien sûr il ne sagit pas ici des armes de la foi. Mais déjà, sans la volonté
de se convaincre lun lautre, le dialogue conduit à un échec. Ni un chrétien
ni le musulman ne peuvent, en effet, accepter le premier la Révélation coranique, le
second la Résurrection de Jésus. Seules quelques rares individualités sont capables
daller jusquau bout de la rencontre des « musulmans
catholiques », des « catholiques musulmans ». Pour les autres, il ne
peut y avoir quun combat loyal. Ou bien il faudrait imaginer quun puissant
intérêt spirituel réunisse chrétiens et musulmans dans une lutte commune : pour
la Paix ( voir la Rencontre dAssise), pour « Dieu premier servi » (au
lieu du capitalisme, de la technologie, de la démocratie, etc.)
Les partis en présence
Des chrétiens qui ne le sont plus
que de nom mais qui, dans lesprit des musulmans, pour qui on ne peut être sans
Dieu , sont assimilés aux chrétiens.
De véritables chrétiens tentés par
le dialogue et louverture à lAutre, mais bien trop souvent dune
naïveté inquiétante (Christian Delorme) ou alors « piégés » par la
presse, impuissants à mener un véritable dialogue.
Dautres, non moins authentiques
chrétiens, mais traumatisés par lislam conquérant. De fait lÉglise
nétant plus conquérante, le dialogue nopère plus à armes égales.
Des musulmans indifférents au
christianisme, mais attachés à leurs frères chrétiens qui les respectent.
Dautres très convaincus du djihâd,
mais cest parce quils croient tous les Européens (et les Anglo-saxons)
chrétiens.
Quelques intellectuels, ouverts eux
aussi au dialogue, mais de manière purement tactique, une spécificité dailleurs
de lIslam en France, conséquence de la laïcité
Une poignée, enfin, qui ne se leurre
pas et ne cherche pas le dialogue pour le dialogue. Cest avec ceux-ci que le
« duel loyal » peut avoir lieu et à armes égales, parce quils ont la
fierté de quatorze siècles dune civilisation méprisée et une foi indéfectible
en Dieu seul : Huwa Allâh.
Les « lieux »
Est-ce dans les Instituts de
Théologie ? dans la vie associative, au quotidien ? dans la spiritualité, à
la manière des soufis ? que le christianisme et lislam sont appelés à se
rencontrer, ou bien dans une alliance à léchelle mondiale contre les ennemis de la
foi, les incrédules, comme dit le saint Coran ? Ou bien à Jérusalem ?
Ou nulle part, désormais ?
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